Selon un document interne, l’opération permettrait à l’opérateur postal d’augmenter fortement sa rentabilité et la solidité de La Banque postale.
La Poste devrait faire une bonne affaire en mettant la main sur le numéro un de l’assurance de personnes en France, CNP Assurances. Cette opération exceptionnelle, impliquant également l’Etat et la Caisse des dépôts, n’est pas encore bouclée, mais La Poste a sorti sa calculette pour chiffrer les gains. Un document interne montre qu’ils sont de nature à renforcer très significativement la solidité du groupe et sa rentabilité.
C’était d’ailleurs tout l’objectif du projet, porté de longue date par le patron de La Poste, Philippe Wahl. Une fois l’Elysée convaincu de la nécessité d’assurer un avenir au groupe, menacé par la disparition du courrier, en diversifiant ses activités, Bercy a lancé l’opération le 30 août. Elle permettra de créer un pôle financier public autour de l’opérateur postal début 2020, si le plan initial se déroule comme prévu.
Le projet, complexe, est le suivant : l’Etat et la Caisse des dépôts (CDC) apporteront à La Poste leurs participations au capital de la CNP. A cette occasion, l’Etat transférera le contrôle de La Poste à la CDC. La Poste apportera ensuite les titres CNP reçus à sa filiale bancaire, La Banque postale, qui prendra ainsi le contrôle de l’assureur.
Un gain de 3,5 milliards de revenus
Pour une raison de coûts, La Banque postale entend, dans le cadre de cette opération, maintenir la CNP cotée. Elle demandera donc à l’Autorité des marchés financiers (AMF) une dérogation à l’obligation de lancer une OPA, une fois la disposition législative permettant à la CDC de devenir actionnaire majoritaire de La Poste adoptée par le Parlement, au début du printemps 2019.
« Au final, La Poste va faire une augmentation de capital de quelque 6 milliards d’euros, sans qu’aucun des acteurs n’ait à sortir d’argent, puisqu’il s’agit d’un regroupement de participations financières au sein de la sphère publique », résume un bon connaisseur du dossier à La Poste.
Selon les premiers calculs réalisés par La Poste, qui circulent en interne et dont Le Monde a eu connaissance, l’intégration de 65 % de la CNP devrait se traduire par un gain de 3,5 milliards de revenus et de 500 millions d’euros de bénéfice net pour le groupe en 2020. Le résultat net atteindrait ainsi 1,4 milliard d’euros (hors éléments exceptionnels liés à l’opération évalués à 1 milliard d’euros).
Avec cette transaction, la part du courrier traditionnel dans le chiffre d’affaires de La Poste serait ramenée à 18 % en 2020 (– 2 points), loin derrière celle des services financiers (26 %) et de l’express (35 %).
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