Dans un entretien aux « Echos », elle revient sur la proposition d’annuler la hausse de 1,7 point de CSG pour les retraités touchant moins de 1 600 euros par mois et de l’augmenter au-delà de 3 000 euros.
La ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, s’est dite dans un entretien aux Echos« pas favorable » à une contribution sociale généralisée (CSG) plus progressive pour les retraités comme le prévoit un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), examiné à l’Assemblée à partir du mardi 23 octobre.
« Les parlementaires sont évidemment très sollicités par leurs électeurs sur le sujet », reconnaît la ministre dans cet entretien mis en ligne lundi sur le site du quotidien économique, alors que les retraités ont encore manifesté la semaine dernière contre la baisse de leur pouvoir d’achat après la hausse de la CSG et une revalorisation des pensions limitée à 0,3 % en 2019. « Il faut arrêter de créer des seuils, qui génèrent ensuite des débats sans fin et des incompréhensions », déclare-t-elle encore.
« Une régulation précise »
Un amendement déposé par des députés de La République en marche (LRM) prévoit que la hausse de 1,7 point de CSG serait annulée pour les retraités touchant moins de 1 600 euros par mois et augmentée au-delà de 3 000 euros. Un tel dispositif « conduirait à opposer les retraités entre eux », argue Mme Buzyn.
Le ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a précisé, mardi sur Europe 1, que cette mesure « n’est pas la bonne façon de répondre » à la question de leur pouvoir d’achat, faisant valoir que le gouvernement avait prévu « des mesures de compensation » à cette hausse de la CSG « au travers de la taxe d’habitation », dont un tiers va être supprimé cet automne.
Mme Buzyn se montre en revanche plus ouverte à trois autres amendements, dont l’un du rapporteur général Olivier Véran, qui vise à dérembourser les actes techniques réalisés dans des hôpitaux qui sont en dessous des seuils d’autorisation d’activité. Une « excellente mesure » pour la ministre.
Cet amendement « va dans le bon sens en instaurant une régulation précise », note Mme Buzyn, qui explique que « certains seuils vont d’ailleurs être relevés, par exemple pour le cancer du sein, et d’autres vont être créés », comme « pour le cancer de l’ovaire, de l’utérus ou du poumon ».
« Délégation de compétences »
Interrogée sur un autre amendement de M. Véran, qui propose d’inciter financièrement les hôpitaux à renvoyer les patients des urgences vers la ville quand leur situation n’est pas grave, la ministre explique vouloir « voir plus précisément comment appliquer cette règle d’incitation afin qu’elle ne concerne que les cas où il apparaît évident que le passage aux urgences n’est pas justifié ».
Enfin, concernant une expérimentation qui permettrait aux pharmaciens de délivrer des médicaments à prescription obligatoire, Mme Buzyn cite « certaines pathologies – infections urinaires, orgelet, angine, etc. », « où le diagnostic est facile », et où « on peut imaginer que les médecins et les pharmaciens se mettent d’accord localement sur une forme de délégation de compétence ».