Un arrêté permettant le rétrofit électrique des automobiles, des deux-roues et des camions a été transmis par Paris à Bruxelles. Sauf surprise, il devrait être promulgué au printemps.
Elle ne manque pas d’allure la Porsche 912 coupé, couleur crème, millésime 1968, garée sur un boulevard parisien. Un vrai petit bijou pour collectionneurs que plusieurs passants caressent d’un œil connaisseur. Et puis elle démarre. Et là, les curieux ouvrent des yeux ronds : pas un bruit, pas un ronflement de moteur, pas un souffle de fumée et pas de pot d’échappement. Le bolide quinquagénaire est… une voiture électrique.
Porsche de 1968, Coccinelle de 1973, Peugeot 205 de 1986, Renault Twingo de 1994, mais aussi des scooters, des camionnettes, des minibus, des véhicules d’aéroports… La transformation en véhicules électriques de tous ces vieux engins à moteur thermique, émetteurs de gaz polluants, est techniquement réalisable.
Mais cette conversion est, aujourd’hui en France, de facto quasiment impossible car il faut transmettre, à chaque transformation, une demande d’homologation spécifique nécessitant l’autorisation du constructeur, véritable épreuve technique et administrative.
Constitution d’un réseau d’installateurs agréés
Or, tout cela devrait changer dans les mois qui viennent. Sauf surprise, la conversion à l’électrique – on dit aussi « rétrofit » – devrait être facilitée en France dès 2020. Un projet d’arrêté, que Le Monde a pu consulter, a été transmis par les services du ministère de la transition écologique et solidaire à la Commission européenne à la mi-novembre. Cette dernière a jusqu’au 13 février pour répondre favorablement à cette proposition. Si tout se passe sans encombre, l’arrêté devrait pouvoir être promulgué en mars 2020, et les premières ventes de vieux véhicules convertis à l’électrique se réaliser en mai ou en juin.
Surtout, le texte réglementaire – élaboré par un groupe de travail mené par la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) avec l’association Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique (AIRe) et les organismes chargés de l’homologation automobile en France – Centre national de réception des véhicules, UTAC –, va permettre au rétrofit de passer à une échelle industrielle, et à sa filière de se constituer.
L’arrêté permet, en effet, à un transformateur de véhicule thermique en électrique de faire homologuer des séries de voitures particulières, de camionnettes et de camions immatriculés depuis plus de cinq ans ainsi que de deux-roues depuis plus de trois ans. Le tout sans passer par le constructeur originel. Le transformateur fabricant du dispositif de conversion pourra disposer d’un réseau d’installateurs agréés. L’arrêté permet aussi de transformer l’engin d’origine en véhicule à hydrogène.
Lire la suite : La France devrait autoriser en 2020 la conversion électrique des véhicules thermiques
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