La fatigue chronique est un syndrome encore mal reconnu par la médecine. Dans une étude pilote, des chercheurs de Stanford ont mis au point un test qui permettrait de détecter la maladie dans un échantillon sanguin.
Aujourd'hui le diagnostic de la fatigue chronique repose sur l'examen des symptômes. Les patients ressentent généralement une fatigue persistante associée à d'autres problèmes de santé comme : des douleurs inexpliquées, une faiblesse musculaire, des maux de tête ou de gorge, des troubles de la mémoire et de la concentration, une sensibilité à la lumière... Avant de poser un diagnostic de fatigue chronique, toutes les autres pathologies possibles doivent être exclues.
Le saviez-vous ?
Dans les pays industrialisés, le syndrome de fatigue chronique toucherait entre une personne sur 200 et une personne sur 600, soit au moins 100.000 personnes en France.
Le fils de Ron Davis, professeur de biochimie et de génétique à Stanford, souffrait de ce syndrome, ce qui a motivé sa recherche. Comme l'explique le chercheur dans un communiqué, « Trop souvent, cette maladie est classée comme imaginaire. » Lorsque des patients souffrent de fatigue chronique, ils subissent de nombreux examens pour trouver l'origine de leurs maux et vérifier le fonctionnement de leurs organes : foie, cœur, reins... « Tous ces différents tests devraient normalement guider le médecin vers une maladie ou une autre, mais pour les patients atteints du syndrome de fatigue chronique, les résultats sont normaux. »
C'est pourquoi les scientifiques ont voulu mettre au point un test sanguin qui permette de détecter les patients souffrant de fatigue chronique. Pour cela, ils ont étudié la façon dont les cellules immunitaires des patients réagissent au stress. La méthode d'analyse s'appuie sur un procédé de nanoélectronique qui mesure de minuscules changements énergétiques au niveau des cellules immunitaires : un courant électrique est créé par des électrodes et les chercheurs observent comment le sang et les cellules immunitaires interfèrent avec ce courant.
Les cellules immunitaires réagissent différemment au stress
Pour le test, les scientifiques génèrent un stress dans les échantillons sanguins en utilisant du sel (stress osmotique) puis ils comparent les courants électriques obtenus : les changements de courants électriques indiquent des modifications cellulaires et un changement important indique que les cellules ont des difficultés à gérer le stress.
Les chercheurs ont étudié les échantillons sanguins de 20 patients souffrant de fatigue chronique et de 20 témoins. Le test mis au point a détecté les 20 patients atteints de fatigue chronique et aucun des témoins ! « Nous ne savons pas exactement pourquoi les cellules et le plasma agissent de cette façon, ni même ce qu'ils font, a expliqué Ron Davis. Mais il existe des preuves scientifiques que cette maladie n'est pas une fabrication de l'esprit du patient. Nous voyons clairement une différence dans la façon dont les cellules immunitaires saines et du syndrome de fatigue chronique traitent le stress. »
Les chercheurs veulent ensuite élargir le test à un nombre plus important de patients, afin de confirmer leurs résultats. De plus, cette recherche pourrait permettre d'identifier des médicaments efficaces pour la fatigue chronique : en exposant les échantillons sanguins à un médicament et en refaisant le test, les scientifiques peuvent voir si la molécule a modifié le comportement des cellules immunitaires. Les chercheurs testent ainsi des médicaments déjà sur le marché pour connaître leur efficacité.
Cette recherche paraît dans la revue Pnas.
- La fatigue chronique est une maladie mal connue et difficile à diagnostiquer.
- Des chercheurs américains proposent un test sanguin basé sur un procédé de nanoélectronique.
- Le test a détecté 20 patients avec 100 % de réussite.
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