Les mutuelles de santé étudiantes grèvent inutilement le budget des étudiants, souligne la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE, premier syndicat étudiant), dans son rapport annuel sur le « coût de la rentrée », dévoilé lundi 28 août. Alors que l’inflation est atone (+ 0,7 % selon l’Insee), les frais de rentrée ne cessent, eux, de grimper (+ 2,36 %). Un bond qui « s’explique majoritairement pas la hausse des frais de complémentaire santé (8,73 %) », selon la FAGE. L’évolution des montants « démontre, s’il était encore nécessaire, l’inadéquation de l’offre qu’elles proposent aux réalités financières des jeunes ».
Les défaillances des mutuelles étudiantes sont régulièrement dénoncées depuis des années. Plusieurs rapports de l’association de consommateurs UFC-Que choisir, du Défenseur des droits et de la Cour des comptes ont fait état de dysfonctionnements dans les missions qui leur sont confiées. Une mauvaise gestion qui a valu à l’une d’elles, La Mutuelle des étudiants (LMDE), en 2015, de voir transféré à l’Assurance-maladie le cœur de ses compétences : la gestion du régime obligatoire de Sécurité sociale de ses quelque 835 000 affiliés. Les mutuelles régionales concurrentes l’ont pour leur part conservée.
Selon la FAGE, les mutuelles « jouent bien souvent sur la méconnaissance des néobacheliers d’un système complexe pour leur vendre à leur insu ou par insistance des produits de complémentaire en dehors du régime obligatoire. 25 % ignorent qu’elles ne sont pas obligatoires. » A cela s’ajouteraient des retards dans la distribution des cartes Vitale, des délais de remboursement particulièrement longs. Si certaines mutuelles enregistrent peu de récriminations des usagers, d’autres « sont catastrophiques », notamment « la MEP », dénonce Jimmy Losfeld, président de la FAGE.
« Exception française »
La solution, selon le syndicat étudiant : « Mettre fin à la délégation de service public confiée aux mutuelles pour le régime obligatoire de la Sécurité sociale. » Une revendication reprise par le candidat Macron en mars, durant la campagne présidentielle. « Il est temps de mettre fin à cette exception française, inefficace et dispendieuse », déclarait le candidat dans un communiqué. Un ultimatum que la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, a rappelé, jeudi 24 août sur France Info : à la rentrée 2018, « les étudiants pourraient bénéficier du régime général de la Sécurité sociale. » En clair, l’ensemble des mutuelles doivent se préparer à voir leur échapper la gestion du régime obligatoire.
D’autres acteurs sont également favorables à une remise à plat du système de mutuelle étudiante. « Il est aujourd’hui coûteux, complexe et inefficace, affirme Mathieu Escot, chargé des études au sein de l’UFC-Que choisir. Coûteux car il met les mutuelles en concurrence sur une mission de service public. Cela engendre des dépenses de communication, de marketing pour des dizaines de millions d’euros. Complexe car les étudiants doivent se réaffilier chaque année, une source de dysfonctionnement, de retards. » Enfin « inefficace » si l’objectif est également de ménager la bourse des étudiants, car « les mutuelles incitent leurs commerciaux à jouer l’ambiguïté entre leurs missions de service et leur activité commerciale », poursuit Mathieu Escot.