On croyait le débat sur les méthodes de lecture définitivement enterré. Le voilà relancé par le ministre de l’éducation nationale. A quelques jours de la rentrée scolaire, Jean-Michel Blanquer a déclaré, dans une interview à L’Obs parue le 23 août, qu’il souhaitait s’appuyer sur « les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique, et non pas sur la méthode globale, dont tout le monde admet aujourd’hui qu’elle a eu des résultats tout sauf probants ». Une déclaration qui a eu le don d’agacer les syndicats d’enseignants en réveillant le mythe de la méthode globale, régulièrement accusée par le camp conservateur de causer des ravages chez des générations d’élèves.
Lundi 28 août, sur BFM-TV-RMC, le ministre a tenté de désamorcer la polémique qu’il avait lui-même soulevée, rappelant qu’« il y avait une vieille querelle [entre méthodes globale et syllabique], qui a été tranchée en faveur de la syllabique ».
C’est un « faux débat », explique au ministre le SNUipp-FSU. Car la méthode globale – qui consiste à se baser sur la reconnaissance visuelle des mots « photographiés » par les enfants – « n’existe absolument pas aujourd’hui et a très peu existé ». « Est-ce de la méconnaissance ou la volonté de manipuler l’opinion en faisant croire que les enseignants appliquent la méthode globale, que l’école fait n’importe quoi et qu’on va remettre de l’ordre dans tout ça ? », s’est étonnée Francette Popineau, secrétaire générale du syndicat.
Le débat n’a, de fait, guère de réalité tangible dans le quotidien des classes. Dans leur immense majorité, les enseignants pratiquent une méthode dite « mixte ». « Les élèves arrivent au CP avec un capital de mots acquis en maternelle. Des mots qu’on peut être amené à leur faire reconnaître de façon globale, car ils les connaissent, explique Alain Rei, président d’une association de directeurs d’école, le GDID....