Depuis la rentrée, une série de décisions de justice a été prise à l’encontre des politiques. Ce bras de fer relance les tensions entre les deux pouvoirs.
Trois mois de prison avec sursis, 8 000 euros d’amende. Dans l’enceinte du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le réquisitoire du ministère public contre Jean-Luc Mélenchon, poursuivi pour « actes d’intimidation (…), rébellion et provocation », est tombé vendredi à l’issue de deux jours de procès électriques. Le leader de La France insoumise était poursuivi pour les incidents ayant émaillé la perquisition d’octobre 2018 au siège du mouvement. Le jugement a été mis en délibéré au 9 décembre.
Depuis la rentrée, les décisions de justice impliquant des responsables ou des élus se multiplient, donnant le sentiment d’une poussée de fièvre entre politiques et juges. Le 13 septembre, ces derniers ont placé sous mandat de dépôt le maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick Balkany, reconnu coupable de fraude fiscale et condamné à quatre ans de prison ferme et dix ans d’inéligibilité. De son côté, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, s’est vu mis en examen pour « prise illégale d’intérêt » dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne. Et la commissaire européenne Sylvie Goulard était entendue dans l’affaire des emplois présumés fictifs des assistants parlementaires du MoDem.
Trois jours plus tard, c’était au tour de l’ancien président du Front national, Jean-Marie Le Pen, d’être mis en examen dans une affaire similaire. Enfin, en février et mars, se tiendra le procès des époux Fillon, pour « détournement de fonds publics, complicité et recel d’abus de biens sociaux ».
Justice supposée « politisée » et « aux ordres »
Dans la foulée de ces annonces, concernant des affaires de nature différente, les attaques contre une justice supposée « politisée » et « aux ordres », grand classique rhétorique chez les politiques mis en cause, ont proliféré. Depuis son retour d’Amérique latine, Jean-Luc Mélenchon crie au « procès politique ». « Nous sommes convoqués à une condamnation publique », a-t-il lancé avant son procès. De son côté, Marine Le Pen a dénoncé une « politisation de la justice ».
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