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Ce n'est désormais plus qu'une question de mois ou d'années : l'empereur Akihito du Japon, qui règne depuis 28 ans et demi, va renoncer à son titre dans un délai de 3 ans maximum. La loi d'exception qui l'autorise à renoncer au trône du Chrysanthème au profit de son fils aîné Naruhito a été votée à l'unanimité vendredi au Sénat, après être passée sans encombre la semaine passée à la Chambre des députés.

C'est que le terrain avait été préparé, et les sujets qui fâchent trop les nationalistes écartés d'emblée par le gouvernement dès que le souverain a fait part, en août dernier, de ses inquiétudes quant à sa capacité à continuer de trimer au même rythme. Beaucoup de Japonais en ignorent le nombre et le détail, mais Akihito a effectué l'an passé pas moins de 1 700 tâches, allant de la signature des monceaux de documents que lui transmet le gouvernement à des visites à l'étranger, en passant par la réception de chefs d'État et d'ambassadeurs, des obligations religieuses et honorifiques, et des déplacements dans tout le Japon auprès des démunis ou de victimes de catastrophes naturelles.

Par une allocution télévisée d'une dizaine de minutes prononcée en août dernier, le souverain, désormais âgé de 83 ans, est parvenu à modifier le cours de l'Histoire, en un temps record. Une commission montée par le Premier ministre, Shinzo Abe, avec des personnalités considérées comme étant à sa botte, a bien vite recommandé ce que le chef du gouvernement préférait sans le dire publiquement : une loi d'exception afin d'éviter un large débat sur la réforme de la loi sur la Maison impériale, qui aurait obligé à s'interroger sur le système de succession, et donc à évoquer la question qui fâche, celle de l'accès des femmes au trône.

De l'ordre du sacré

L'opposition n'a pas pu insister autant qu'elle l'aurait voulu sur ce point, car cela aurait retardé les discussions aux dépens de l'empereur. Or, ce qui touche à Akihito est de l'ordre du sacré, surtout que ce dernier a habilement su gagner l'empathie du peuple à son égard. En prenant son temps, le gouvernement aurait pris des risques de voir chuter sa popularité. L'opposition, elle, a également fait attention à ne pas trop bloquer pour ne pas se mettre à dos les citoyens. Elle s'est contentée d'une résolution au Parlement pour assurer que les discussions sur les règles de succession seront ouvertes ultérieurement. « Le débat sur le maintien ou la remise en cause du fait qu'actuellement seuls les hommes d'ascendance masculine peuvent accéder au trône est un problème qui doit être pris en compte si l'on veut espérer une continuité du système impérial », explique Sota Kimura, constitutionnaliste. 

En attendant le débat sur la question de l'accès ou non des femmes au trône, ou du moins de la suppression de la clause d'exclusion des filles de la dynastie impériale quand elles se marient avec un roturier, le prince héritier Naruhito devrait succéder à son père à une date qui sera décidée par le Premier ministre. Il devra au préalable avoir recueilli l'avis du Conseil de la maison impériale, instance qu'il préside et qui comprend dix personnes, dont les présidents des deux Chambres, le plus haut magistrat de la Cour suprême, le directeur de l'Agence de la Maison impériale et deux membres de la famille impériale.


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