« Oh non, pas celui-là, c'est beaucoup trop tape-à-l'œil... ! » En se découvrant dans la glace, elles explosent de rire. Le fard à paupières, vert irisé, n'est pas, en effet, des plus discret. « Prends celui-ci, il maquille mais on ne le remarque presque pas. » Comme chaque mercredi, Dounia, qui habite Puteaux, vient chercher Najat au pied de la tour Atlantique du quartier d'affaires de la Défense, pour faire des emplettes et boire un café. Un moment privilégié pour ces deux sœurs de 28 et 21 ans qui n'ont plus souvent l'occasion de se retrouver en tête à tête. Najat porte le hijab* – voile islamique qui couvre les cheveux, le cou, et laisse le visage apparent – depuis un an et demi ; Dounia, elle, n'en a jamais ressenti le besoin. Mais en tant qu'aînée, elle tient à vérifier régulièrement que sa jeune sœur ne regrette pas son choix. « Je trouve très courageux, en France, aujourd'hui, de montrer que nous sommes fières d'être musulmanes, d'assumer le regard des autres, les mamans à l'école, les collègues au bureau... Je n'aurais jamais pu faire cela », confie-t-elle.
À lire aussi. "Ce que dit le Coran : le port du voile"
Pour Najat, la question ne se pose pas : « La meilleure façon de régler ce grand malentendu, c'est de montrer qui nous sommes vraiment. On ne parle jamais des femmes normales dans les médias. Lorsqu'il est question d'islam, tout le monde se focalise sur la burqa* ou sur les quelques dégénérés extrémistes qui salissent notre religion en se faisant exploser. Mais qui parle des musulmans parfaitement intégrés à la société française ? Qui parle de ceux qui font du shopping le (...)