Voyeurs, harceleurs ou ripoux selon les cas, des policiers se sont servis sans vergogne dans les bases de données des délits, permis de conduire ou autres auxquels leurs fonctions leur donnent accès.
Pour s’informer sur leurs partenaires en amour ou en affaires, leurs voisins, des journalistes, par curiosité intéressée ou simple voyeurisme, des centaines de policiers américains – au minimum – ont été pris la main dans le sac : ils allaient piocher sans autorisation des infos dans des fichiers.
C’est ce que révèle Associated Press, au terme d’une enquête auprès des services concernés. Aucune agence ne centralisant ces abus à l’échelle nationale, et leur mesure étant très médiocre, il est impossible de savoir combien au total se produisent, souligne AP, mais ses recherches donnent déjà un aperçu.
Plus de 325 fois de 2013 à 2015, des policiers ont été suspendus, licenciés, ou ont démissionné après ce type d’abus. De plus, dans 250 cas au moins, des policiers ont reçu des réprimandes ou autres sanctions disciplinaires, toujours pour avoir cherché des données sans raison professionnelle.
Harcèlement, corruption...
Parmi les cas de policiers sanctionnés : un agent de l’Ohio a plaidé coupable d’avoir espionné une ex-petite amie (voir la vidéo ci-dessus) ; un autre du Michigan cherchait les adresses des femmes qui lui plaisaient, et deux agents de Miami ont regardé ce qu’ils trouvaient sur un journaliste dont les articles ne plaisaient pas à leur service de police.
Il y a aussi des cas de corruption variés, comme la vente d’informations contre de l’argent ou diverses faveurs (sexuelles notamment). L’enquête cite de nombreuses affaires, comme celle d’une policière d’autoroute de Floride, qui a accusé des dizaines d’agents d’avoir cherché des infos sur elle dans le fichier des permis de conduire, parce qu’elle avait arrêté un agent pour excès de vitesse. Elle avait ensuite reçu des appels téléphoniques malveillants, des menaces sur des sites web et la visite de voitures suspectes près de son domicile.
Des infractions souvent non détectées et mal mesurées
Ces violations représentent « une minuscule part des millions de requêtes quotidiennes effectuées chaque jour de façon légitime dans les bases de données lors d’arrêts sur la route, d’enquêtes criminelles et de rencontres ordinaires de police », relève AP. Mais les recherches non autorisées sont un détournement de ces outils policiers classiques, et elles sont très mal connues....
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