Une appli propose de surveiller sa peau pour mieux la sauver. Au delà du gadget, l’objet est intéressant pour ce qu’il dit de notre possible relation aux médecins dans le futur.
J’ai un grain de beauté sur la cuisse. Depuis quelques années, je le trouve bizarre, il varie de forme et de couleur. Après n’avoir rien fait pendant deux ans, j’ai fini par le montrer à un dermatologue qui m’a proposé de revenir quelques mois après. Je ne suis jamais revenue. Pas le temps. La flemme.
Cette histoire un peu honteuse fait de moi la candidate idéale à l’appli iSkin. Lancée en mai dernier, elle propose (entre autres) à ses utilisateurs de prendre en photo leurs grains de beauté pour créer ce que les dermatologues appellent « une cartographie ».
« La cartographie permet de suivre l’état de votre peau et celle de vos proches. Avec des clichés à intervalles réguliers vous montrerez l’évolution réelle de vos grains de beauté et tâches cutanées à votre médecin. »
Le médecin n’est en effet jamais loin. Son utilité, la nécessité de le consulter sont partout dans l’appli.
« Ces photos constituent une aide au suivi de votre peau, en aucun cas cependant, elles ne peuvent remplacer le rendez-vous avec le dermatologue ou le médecin. »
Une phrase que ne cesseront de me marteler au téléphone les responsables de l’appli.
« J’insiste hein ! J’insiste ! »
« Ma fille est morte d’un mélanome »
Ils viennent du collectif « Ensemble contre le mélanome », « une action pérenne initiée par la MTRL et le Crédit Mutuel », peut on lire sur le site. En réalité, le fruit d’un homme : Jean Pierre Babel (directeur général du Crédit Mutuel dans la région Centre). Joint au téléphone, il raconte :
« Ma fille est morte d’un mélanome il y a neuf ans. Elle avait 34 ans. »
Il ne veut pas trop s’épancher sur le sujet, mais dit juste :
« L’origine de tout ça, c’est Alexandra. »
Une appli aurait-elle pu la sauver ? Jean-Pierre Babel ne veut même pas y penser. Il agit simplement. Ce sont de ses liens d’amitié avec un développeur, qu’est née l’idée d’iSkin. A force de discuter de ce qu’il faudrait faire, de ce qui serait utile.
« On la surveille comme du lait sur le feu »
Ensuite Tony Casonato (le dev en question) a fait mille allers-retours avec Caroline Robert, chef de service de dermatologie de l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif. Au bout du chemin, ils sont arrivés à ce résultat.
L’appli ne fait que reproduire une pratique déjà répandue chez les dermatos : ils travaillent en comparant des clichés pris de leur patients à quelques mois d’intervalle. Caroline Robert raconte par exemple le cas de cette femme qui s’est fait retirer une dizaine de mélanomes.....
Lire la suite - iSkin : l’appli qui veut vous aider à traquer votre grain de beauté cancérigène