Le « troisième pôle terrestre », qui comprend toute la chaîne himalayenne, va connaître une fonte sans précédent, avec des conséquences sur près de deux milliards d'habitants. Les zones de montagne sont en effet particulièrement sensibles au réchauffement climatique.
« C'est la crise climatique dont vous n'avez pas entendu parler », affirme Philippus Wester, responsable d'une étude menée par l'Icimod, une organisation intergouvernementale établie à Katmandou (Népal). Selon l'International Center for Integrated Mountain Development (Icimod), les deux tiers des glaciers de l'Hindou Kouch et de l'Himalaya (HKH) pourraient fondre d'ici à la fin du siècle si la planète reste sur la même trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre.
Réchauffement et pollution : le cocktail mortel pour les glaciers
Qualifiée de « troisième pôle » par les scientifiques pour ses gigantesques réserves de glace, cette région montagneuse, s'étendant sur 3.500 km et traversant huit pays, est susceptible de voir ses glaciers disparaître en grande partie. Même en limitant la hausse des température à la limite de 2,1 °C comme le prévoit l'Accord de Paris, un tiers aura fondu d'ici 2100, préviennent les experts.
Et si les émissions continuent au même rythme, avec une hausse de 5 °C, ce sont les deux tiers des glaciers qui se seront volatilisés. Bien que formés il y a 70 millions d'années, ces derniers sont extrêmement sensibles au changement climatique. Depuis les années 1970, un recul et un amincissement de la couverture neigeuse ont déjà été observés. Le phénomène est aggravé par la pollution provenant des plaines de l'Inde qui déposent de la poussière noire sur les glaciers, accélérant leur fonte.
Un milliard de personnes en danger
Le rapport, inédit dans son ampleur, a nécessité cinq ans de travail et rassemble les points de vue de 350 chercheurs et experts provenant de 22 pays et de 185 organisations. Il met en avant les sévères conséquences de cette fonte pour les 250 millions d'habitants de ces montagnes et les 1,65 milliard qui vivent dans les bassins fluviaux en aval. Les glaciers du HKH alimentent ainsi dix des plus importants réseaux fluviaux du monde, dont le Gange, l'Indus, le Jaune, le Mékong et l'Irrawaddy.
« Une augmentation du nombre et de la taille des lacs glaciaires vont entraîner un afflux d'eau dans les principaux cours d'eau, ce qui pourrait provoquer des inondations et la destruction des récoltes », prévient l'étude. L'accroissement du débit du Gange et du Brahmapoutre va également forcer des changements dans l'agriculture. Les glissements de terrain et les inondations plus fréquentes « mettent en danger plus d'un milliard de personnes », avertit l'Icimod.
Les Alpes, aussi, pourraient perdre 90 % de leurs glaciers
Partout dans le monde, la montagne fond à vue d'œil. Les glaciers des Alpes françaises ont perdu 25 % en 12 ans an et leur fonte est trois fois plus rapide depuis 2003 par rapport à la période précédente (1986-2003), d'après le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE) de Grenoble. Selon l'ampleur du réchauffement, 50 à 90 % des glaciers alpins pourraient disparaître d'ici 2100. Dans les Pyrénées, la moitié des glaciers ont fondu ces 35 dernières années et la tendance semble s'accélérer. Selon le dernier bulletin du World Glacier Monitoring Service (WGMS), les glaciers à travers le monde ont perdu en moyenne 0,9 mètre, équivalent en eau de masse par an, dans les années 2013-2016, contre 0,2 mètre pour la décennie 1981-1990.
- Les glaciers de la zone Hindou Kouch et de l’Himalaya vont perdre entre un tiers et deux tiers de leur couverture d’ici la fin du siècle.
- Cette fonte va affecter près de 2 milliards d’habitants en terme d'agriculture, d'énergie ou de catastrophes naturelles.
- Partout dans le monde, les glaciers disparaissent à un rythme alarmant.
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