Chronique. Ils rêvent tous d’en découdre avec Emmanuel Macron. Droite et gauche confondues, comme une revanche sur tout ce qui s’est passé depuis un an, l’enterrement du « vieux monde », leur enterrement à eux.
Mais lorsque l’occasion se présente enfin, cette affaire Benalla dans laquelle la responsabilité du chef de l’Etat est directement en jeu, ils ne peuvent pas s’en prendre à lui. « Le Parlement ne peut pas interpeller le chef de l’Etat », soupire le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, soulignant par là même l’incongruité de cette révision constitutionnelle qu’on tente de leur imposer et qu’ils vivent tous comme une nouvelle réduction des droits du Parlement face à cet hyperprésident qui les a tant humiliés.
Fusible tout désignéMais comme M. Mélenchon a décidé de la jouer républicain, il cible le gouvernement et, à l’intérieur de celui-ci, un homme : Gérard Collomb, tout désigné pour devenir le fusible de cette extravagante affaire qui a vu un chargé de mission de l’Elysée tabasser, le 1er mai, deux manifestants sans essuyer sur le moment de sanctions dignes de ce nom.
Auditionné lundi par la commission des lois de l’assemblée nationale, puis mardi par celle du Sénat, le ministre de l’intérieur est l’homme faible de ce début de semaine. La droite et la gauche réclament sa tête, bien plus que celle du premier ministre, Edouard Philippe, qui joue depuis une semaine l’Arlésienne avec un certain talent, comme si l’affaire ne le concernait pas alors que M. Collomb est de plain-pied dedans.
On lui reproche d’avoir eu connaissance dès le 2 mai des violences commises par Alexandre Benalla, lors d’une opération de maintien de l’ordre à laquelle il n’aurait jamais dû participer, et de n’avoir pas saisi le procureur ni diligenté une enquête de l’Inspection générale de la police nationale, comme il aurait dû le faire.
Un politique doit payerLe ministre de l’Intérieur a préféré...