La Commission européenne a autorisé la mise sur le marché du premier vaccin contre le virus Ebola. Une seule injection suffira pour protéger les populations exposées et limiter la transmission interhumaine du virus qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts en Afrique de l'Ouest.
On peut enfin protéger l'humanité contre un des fléaux majeurs de ces dernières années, le virus Ebola. Le 12 novembre, la Commission européenne a donné son feu vert pour la mise sur le marché du vaccin Ervebo, fabriqué par le laboratoire américain Merck Shape and Dohme. Ce vaccin qui avait été préqualifié en octobre par l'Agence européenne des médicaments (EMA) répond aux normes de l'ONU en matière de sécurité et d'efficacité. C'est le premier vaccin contre Ebola à obtenir cette approbation. « Il y a cinq ans, nous n'avions ni vaccin ni traitements thérapeutiques contre Ebola. Grâce à un vaccin préqualifié et à des traitements expérimentaux, Ebola est maintenant évitable et traitable » affirme le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un communiqué de l'AFP.
La route fut longue pour ce vaccin dont la première ébauche fut faite en 2003. Cette année-là, l'épidémie d'Ebola est particulièrement meurtrière, le taux de mortalité atteint les 90 %. Depuis, il a fait ses preuves sur le terrain et a été administré, sans autorisation officielle, à plus de 236.000 personnes dont 60.000 soignants. Débutée en 2018, l’épidémie actuelle d’Ebola compte déjà plus de 3.290 cas en République démocratique du Congo. Six personnes sur dix en sont mortes. Seize ans après les premiers tests, la formule définitive est enfin disponible pour les agences de l'ONU et les soignants situés dans les pays à risque.
Le nombre de cas et de décès depuis le début de l'épidémie actuelle d'Ebola en juillet 2018. Les derniers chiffres parlent de plus de 3.000 cas. © OMS
Immuniser la population grâce à une injection unique
Le vaccin Ervebo fait partie de la famille des vaccins vivants atténués. C'est-à-dire qu'il est composé d'une souche virale entière mais incapable de se multiplier et d'induire une maladie. Son rôle est de stimuler efficacement le système immunitaire pour qu'il produise des anticorps spécifiques au virus Ebola. Les scientifiques ont utilisé un virus de stomatite vésiculaire modifié génétiquement : il peut alors fabriquer la glycoprotéine d'enveloppe du virus Ebola. Ce sera la cible des anticorps produits suite à la vaccination.
Quand les anticorps se fixeront sur l'enveloppe du virus, celui-ci ne pourra plus entrer dans les cellules pour les infecter et se répliquer. Très pratique pour les soignants sur place, le vaccin ne nécessite qu'une seule injection pour être efficace. Néanmoins, Ervebo ne protège que de la souche Zaïre du virus qui fait rage en République démocratique du Congo. Un autre vaccin devra être mis au point pour protéger contre la souche Soudan qui est responsable de l'épidémie historique d'Ebola.
Pour immuniser le plus de personnes, la méthode de la vaccination en anneau sera privilégiée. C'est une stratégie vaccinale très simple : toute personne ayant été en contact avec un malade clairement diagnostiqué doit être vacciné. S'ajoute à cela les « voisins », c'est-à-dire les personnes ayant été en contact avec des proches d'un malade. Elles devront aussi être vaccinées. Cette méthode privilégie les contacts sociaux plutôt qu'une zone géographique. Car, une fois que les premiers symptômes se sont déclarés, le virus Ebola se propage d'un humain à l'autre à vitesse grand V.
Le vaccin Ervebo permettra de protéger les populations exposées au virus grâce à une seule injection. © Pamela Guizo, AFP, Getty
Ebola, vie et transmission
Le virus Ebola est un filoviridae (famille qui compte aussi parmi ses rangs les virus de la rougeole et des oreillons) particulièrement virulent. Cette famille regroupe cinq espèces qui provoquent tous des fièvres hémorragiques. La première apparition du virus Ebola chez l'Homme remonte à 1976, le long de la rivière qui lui a donné son nom, au Soudan. Dans la nature, on pense que le virus Ebola vit paisiblement dans le corps de chauve-souris frugivores. Puis d'autres animaux, comme des chimpanzés ou des gazelles, se contaminent en mangeant des fruits ou de l'herbe contaminés par des fèces de la chauve-souris.
Un humain se contamine alors par contact étroit avec le sang ou les sécrétions de ces animaux morts ou malades. Une fois le virus dans l'organisme humain, il peut se passer près de 21 jours avant que les premiers symptômes apparaissent. Assez anodins, fatigue, maux de tête et de gorge, ils retardent le diagnostic de la maladie. L'état du malade empire progressivement, allant des plaies cutanées très contagieuses à la fièvre hémorragique mortelle.
En moyenne, 50 % des infectés décèdent des suites de la maladie. Dès l'apparition des premiers signes, un malade atteint du virus Ebola peut le transmettre à un autre être humain par contact étroit avec des fluides corporels ou avec des surfaces et tissus contaminés. La présence du virus chez un malade est confirmée par une analyse sanguine des anticorps anti-Ebola et par la détection du génome viral par RT-PCR.
Le virus Ebola au microscope électronique à transmission. La forme allongée en serpentin est caractéristique des filovirus. © CDC Global
Un autre vaccin encore au stade expérimental, fabriqué par Johnson & Johnson, va également être testé sur le terrain à la mi-novembre. Celui-ci présente néanmoins un inconvénient, il nécessite un rappel 56 jours après la première injection. Selon Nature, une demande d'approbation pour ce second vaccin par l'Agence européenne des médicaments a été soumise début novembre.
Source : Enfin un vaccin contre le virus Ebola