A la centrale hydroélectrique de La Coche, un dispositif permet de stocker et de réutiliser l’eau pour produire de l’électricité à la demande.
Quelle est la manière la plus efficace de stocker de grandes quantités d’électricité ? Cette vieille question est devenue de plus en plus pressante, avec le développement des énergies éolienne et solaire, qui ne produisent pas en continu. Au cœur des Alpes, la centrale hydroélectrique de La Coche (Savoie) apporte une partie de la réponse. Coincé à flanc de montagne à quelques kilomètres de Moûtiers, ce site exploité par EDF n’est pas un simple barrage, mais une station de transfert d’énergie par pompage, une STEP.
Ce sigle cache une technologie très simple, dont le monde pourrait avoir de plus en plus besoin : la centrale est positionnée entre deux bassins d’eau, l’un en amont, l’autre en aval. Lorsque les besoins en électricité sont importants, lors des pics de consommation, on fait descendre l’eau du bassin du haut pour produire de l’électricité. A l’inverse, la nuit, lorsque le prix de l’électricité est très peu cher, on pompe pour remonter l’eau du bassin du bas vers celui qui se trouve en amont. Résultat : la centrale peut produire à la demande une électricité totalement renouvelable, au moment où les consommateurs en ont le plus besoin.
« Ce mode de fonctionnement en circuit fermé nous permet d’être maîtres de notre énergie. Les STEP sont les moyens par excellence pour stocker de l’électricité », explique Yves Giraud, directeur de l’hydraulique chez EDF. Malgré les progrès technologiques et les importantes baisses de coût, les batteries ne suffisent pas à satisfaire les besoins sur une longue période : l’ensemble des batteries dans le monde permet de stocker 1,6 gigawatt, contre 160 gigawattspour toutes les STEP. « C’est comme une batterie…, mais liquide », insiste M. Giraud, qui rappelle qu’à La Coche, « l’électricité [est produite] avec de la neige ».
Le vieillissement des réacteurs, la réduction à 50 % en 2035 de la production nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables relancent les barrages
EDF compte six installations de ce type, pour une capacité installée de 5 gigawatts – une part très minoritaire de ses 433 centrales hydrauliques, qui produisent entre 10 % et 12 % de l’électricité française.
Dans un pays où le nucléaire compte encore pour 72 % de la production d’électricité, l’« hydro » a souvent été perçue comme un complément bien pratique, mais guère plus. Le vieillissement des réacteurs, la réduction à 50 % en 2035 de la production nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables relancent les barrages. Et particulièrement les STEP, qui joueront un rôle crucial dans un système électrique où les renouvelables occupent une place importante.
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