Redoublement, inadéquation du modèle éducatif français, accès à l'école... de nombreux biais statistiques dans l'enquête Pisa permettent de contester certaines de ses conclusions.
Atlantico : La très récente étude Pisa revient sur les niveaux des élèves du monde entier et sur la capacité des systèmes scolaires respectifs à réduire les inégalités dans leurs pays. Sur ce deuxième point, la France ne figure pas parmi les nations les mieux classées. Pourtant, peut-on dire de l'enquête est tout à fait exempt de biais ? Quels sont-ils ?
Eric Deschavanne : Il faudrait être expert en statistiques pour juger des biais de l'enquête. Il faudrait pouvoir être assuré, par exemple, que les pays fassent tous preuve de la même rigueur dans la construction des échantillons. Cela dit, PISA a le mérite d'exister et constitue l'un des meilleurs indicateurs qui soient. Les biais se logent probablement moins dans les indicateurs statistiques que dans leur interprétation. On peut même à cet égard affirmer que l'interprétation des résultats de l'enquête PISA se fonde sur une grande illusion – l'illusion selon laquelle l'enquête évaluerait les performances des systèmes scolaires. En réalité, les systèmes scolaires n'existent pas hors sol : on ne peut isoler les performances scolaires d'un système de la société au sein de laquelle il "performe". Le niveau de civilisation, de cohésion sociale et culturelle de la société est un facteur explicatif des résultats observés bien plus déterminant que le mode d'organisation et de fonctionnement du système scolaire lui-même. La réussite de Singapour n'est pas due à une méthode miracle, mais à la valorisation du travail et du savoir qui caractérise la société singapourienne. Il est évidemment impossible de construire une expérimentation pour évaluer les performances d'un système scolaire comparativement aux autres : il faudrait pouvoir, par exemple, transposer le système français en (...)lire la suite sur Atlantico