Pour la présidente du Rassemblement national, l’écologie passe d’abord par la protection des frontières et des nations.
« Localisme. » L’ex-FN a définitivement trouvé son concept totem. Aucun débat télévisé, aucune sortie de campagne sans que ce « localisme » ne soit agité par un lieutenant du parti d’extrême droite pour afficher sa nouvelle conscience écologique. Marine Le Pen l’a brandi une nouvelle fois dans une interview au Parisien, samedi 13 avril, pour présenter sa « vision de l’Europe ».
« Vision » qu’elle développera lundi 15 avril, à Strasbourg. Le Rassemblement national (RN) doit en effet y dévoiler son programme pour l’élection européenne ainsi qu’un « manifeste »pour « l’alliance européenne des nations », dont Hervé Juvin a été « la cheville ouvrière », selon l’état-major du parti d’extrême droite.
Installé en cinquième place de la liste du RN aux européennes, après avoir été pressenti comme potentiel porte-drapeau, l’essayiste nationaliste et conservateur de 63 ans est régulièrement présenté comme le nouvel « intello écolo » du parti. Marine Le Pen elle-même s’inspire très largement de cette caution, d’autant plus bienvenue que l’écologie est devenue un argument de campagne pour l’ensemble des partis politiques avant le scrutin européen, traditionnellement favorable aux écologistes.
Depuis le lancement de son offensive européenne, la patronne du RN ne manque pas une occasion d’afficher le supposé virage vert de son parti. En février, la visite d’un élevage de porcs en plein air à Maizières-les-Joinville (Haute-Marne) devient ainsi le prétexte pour sa tête de liste, Jordan Bardella, d’affirmer qu’« on ne peut pas faire d’écologie sans frontières ». Quelques semaines plus tard, Marine Le Pen jure en Seine-et-Marne que le RN défend désormais « une vision totalement alternative » de l’écologie, à savoir « la protection des écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations ».
Concept de « localisme »
Une analyse « alternative » loin d’être nouvelle à l’extrême droite. Dès la fin des années 1960, Alain de Benoist et le Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece) – mouvement pensé comme une « nouvelle droite » identitaire et nationaliste prêchant la différence entre les peuples – développaient déjà les thèmes du « localisme » et de l’écologie radicale antimondialiste. « Pour eux, les véritables écologistes sont ceux qui prennent en compte l’immigration comme un facteur déterminant de déséquilibre culturel et-ou ethnique », analyse l’historien spécialiste de l’extrême droite Stéphane François. Une conception dont le RN de Marine Le Pen semble désormais se rapprocher fortement.
Lire la suite : Derrière le virage écologique de Marine Le Pen, l’obsession de l’immigration
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