Passage obligé de la grande caravane internationale, calé entre les réunions des Nations unies (ONU), de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, le Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) de Davos, qui se tient du 23 au 26 janvier dans les Alpes suisses, cristallise autant de fascination que de répulsion. Que s’y passe-t-il ? Ce concentré annuel de dollars et de pouvoir présente une réelle utilité, assurent les habitués. Même les moins suspects de partialité.
« Il y a beaucoup de bling-bling à Davos et nous avons des désaccords avec nombre de participants, mais, pour nous, cela constitue une occasion majeure de marteler auprès de Wall Street le message que l’économie mondiale ne saurait viser uniquement à augmenter les profits des entreprises », plaide le syndicaliste gallois Philip Jennings, secrétaire général d’UNI Global Union, fédération internationale qui représente 20 millions de travailleurs du secteur des services du monde entier. Avec quel succès ? « La lutte continue, mais les choses évoluent, comme le prouvent des discours comme celui de Larry Fink, le patron de BlackRock, le premier gestionnaire mondial d’actifs, sur la nécessaire valeur sociale des entreprises », se réjouit-il.
En fait, après avoir perdu de son lustre au moment de la crise financière de 2007-2008, vue comme la faillite des élites au pouvoir, le barnum des Alpes est revenu encore plus fortement sur le devant d’une scène mondiale de plus en plus éclatée. Preuve en est la venue attendue de la chancelière allemande Angela Merkel ou celle du président américain Donald Trump.
« Parce que c’est l’un des rares endroits au monde où se mélangent les continents, les générations, le public, le privé, son rôle est précieux », souligne Bertrand Badré, ancien directeur général de la Banque mondiale, fondateur du fonds Blue like an Orange, qui veut promouvoir le développement durable dans les pays émergents.
Vocation humaniste
En clair, si Davos n’existait pas, il faudrait l’inventer. Et c’est exactement ce qu’a fait un professeur d’université allemand, Klaus Schwab, 79 ans, en fondant le WEF en 1971. La machine derrière Davos s’affirme désormais comme l’équivalent d’une PME de 653 salariés à la croissance exponentielle, installée à Cologny, près de Genève, entre un golf et le lac Léman.
Là, le long des baies vitrées vertigineuses offrant une vue imprenable sur le Jura, des bataillons de jeunes gens (36 ans de moyenne d’âge) œuvrent à « améliorer l’état du monde ». C’est en tout cas la promesse revendiquée par cette fondation privée à but non lucratif, reconnue comme une institution internationale par la Suisse. Un statut à part, comme celui de la Croix-Rouge ou du Comité international olympique.
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