Le suspense a pris fin. Dimanche 27 août, après deux mois de tractations et de dissensions, le conseil d’administration d’Uber a nommé un nouveau directeur général. Selon les médias américains, il s’agit de Dara Khosrowshahi, jusqu’à lors à la tête du site de réservations de voyage en ligne Expedia. Il succède à Travis Kalanick, le fondateur de la plate-forme de voitures avec chauffeur qui avait été poussé à la démission fin juin par des investisseurs mécontents à la suite de multiples scandales.
ÉNIÈME REBONDISSEMENT
Le choix de M. Khosrowshahi, qui sera officiellement annoncé cette semaine aux salariés, constitue un énième rebondissement. Son nom n’avait en effet jamais fuité dans la presse américaine. Jusqu’à ce week-end, c’est Jeff Immelt qui semblait le mieux placé. L’ancien PDG du conglomérat industriel General Electric était soutenu par M. Kalanick. Mais son manque d’expérience dans le secteur des nouvelles technologies suscitait des inquiétudes auprès de plusieurs administrateurs d’Uber.
Dimanche, l’hypothèse d’une nomination de Meg Whitman a ensuite pris de l’ampleur. L’actuelle patronne du groupe informatique Hewlett Packard Enterprise avait pourtant assuré fin juillet qu’elle ne serait pas la prochaine patronne de la société californienne. Une position qu’elle avait réaffirmée la semaine dernière auprès de journalistes. En réalité, les contacts n’avaient jamais véritablement été rompus. Samedi, la responsable a ainsi rencontré les administrateurs d’Uber pour présenter son projet de sortie de crise.
GUERRE OUVERTE
Outsider parmi le trio de finalistes, M. Khosrowshahi semble avoir profité de la guerre ouverte qui divise le conseil d’administration d’Uber depuis des semaines. D’un côté, un groupe constitué autour de M. Kalanick qui espère toujours que celui-ci puisse à nouveau occuper un rôle opérationnel. Il préconisait la nomination de M. Immelt. De l’autre, des investisseurs qui souhaitent tourner définitivement la page. Ils réclament le départ total du fondateur pour limiter son influence et ainsi laisser le champ libre à son successeur.
Ce deuxième groupe est mené par le fonds de capital-risque Benchmark Capital. Il tentait d’imposer Mme Whitman. Au cours des dernières discussions, l’ancienne dirigeante d’eBay aurait d’ailleurs réclamé des garanties pour asseoir son autorité, en particulier face à M. Kalanick, qui occupe encore un poste d’administrateur. Des conditions qui n’étaient pas acceptables pour les autres administrateurs. M. Khosrowshahi faisait ainsi office de dernier recours pour réconcilier les deux clans.
MISSION COMPLIQUÉE
M. Khosrowshahi, 48 ans, a débuté sa carrière dans la finance. Il dirigeait Expedia depuis 2005. Sous son mandat, l’entreprise s’est introduite en Bourse, a mené de nombreuses acquisitions et a connu une forte croissance de son activité. L’an passé, son chiffre d’affaires s’est élevé à 8,8 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 282 millions de dollars. Le cours de son action a quasiment triplé au cours des cinq dernières années, portant sa capitalisation boursière à 23 milliards de dollars.
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