Le dôme vert éventré de la mosquée Al-Nouri et le socle rogné du minaret d’Al-Hadba se détachent derrière un enchevêtrement de voitures calcinées, de gravats et de tôles gondolées. Personne, parmi les forces antiterroristes irakiennes stationnées dans la rue Farouk adjacente, en cette fin de journée, jeudi 29 juin, ne prête pourtant attention à ce symbole déchu du califat autoproclamé de l’organisation Etat islamique (EI), qui marque le début de la chute de Mossoul.
Les djihadistes les ont privées de cette victoire, en faisant exploser le site emblématique de la ville. Déterminés à semer derrière eux la désolation, ils les ont entraînées dans une bataille âpre et violente, où l’odeur du sang se mêle à celle des corps putréfiés et de la terre brûlée. « Nous assistons à la fin du faux Etat de Daech », a affirmé, jeudi, le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi. Un porte-parole militaire de la coalition internationale dirigée par Washington indique que la reprise totale de la ville est une question de « jours ».
Les véhicules blindés Humvee noirs cherchent leur chemin entre les trous béants laissés par des frappes aériennes jusqu’aux devantures criblées d’impacts de l’artère commerçante de la vieille ville. Les soldats chargent les coffres d’armes et de munitions abandonnées par les djihadistes. Une vieille dame, haletante et livide, attend sur le capot d’un Humvee d’être transportée à l’arrière. Il est presque 20 heures, la nuit tombe, les soldats, épuisés mais soulagés, se jettent sur les rations de nourriture, leur premier repas d’une journée interminable.
« On part vers la victoire »La fatigue était déjà là, à l’aube, sur les visages et dans les yeux rougis. Alignés au bout d’une venelle 150 mètres en amont, des soldats presque tous dans la vingtaine attendent le coup d’envoi de l’opération. Les visages sont fermés, les langues nouées.
Le soldat Moussa est l’un des rares à fanfaronner : « On part...