Dans la plupart des pays, les femmes sont davantage touchées que les hommes par le Covid-19 et sont pourtant moins nombreuses à en mourir. Une différence qu'ont du mal à expliquer les scientifiques : les femmes bénéficient-elles d'une meilleure immunité ou s'agit-il d'un biais purement statistique ?
En Espagne, le virus du Covid-19 a tué deux fois plus d'hommes que de femmes, pour un taux d'infection à peu près similaire, rapporte le quotidien El Paìs. En Italie, les hommes représentent 59 % des cas de Covid-19 et 71 % des décès, d'après des chiffres publiés par le BMJ, soit un ratio de mortalité de 1,66 en faveur des femmes. Et la tendance est la même dans la plupart des pays : en Corée du Sud, les hommes représentent à peine 38 % des cas confirmés mais 54 % des décès, soit un ratio de 1,89. Le chiffre est de 1,98 pour la Chine et 1,55 pour la France, où 58 % des morts du Covid-19 sont des hommes. Au total, les hommes auraient 50 % de chance de plus de mourir que les femmes du coronavirus, d'après une analyse du Global Health 50/50 pour CNN menée dans 20 pays.
Les femmes ont une réponse immunitaire plus forte face aux infections
Cette inégalité n'est pas entièrement une surprise. « C'est une tendance que nous avons constatée dans de nombreuses infections virales des voies respiratoires : l'évolution tend à être plus grave chez les patients de sexe masculin », indique Sabra Klein, de l'école Bloomberg de l'université Johns Hopkins, dans le New York Times. De manière générale, les femmes semblent avoir une réponse immunitaire plus forte aux infections, montrent plusieurs études, qui avancent des causes à la fois génétiques et hormonales. Le chromosome X, qui contient de nombreux gènes relatifs à l'immunité, est par exemple présent en deux exemplaires chez la femme contre un seul chez l'homme, note une étude publiée dans la revue BMC. Dans des expériences sur les souris, des chercheurs ont établi que les œstrogènes ont un rôle protecteur contre les coronavirus SARS-CoV-1 et MERS-CoV, en réduisant la réponse inflammatoire. D'autres chercheurs suggèrent la piste évolutionniste (voir ci-dessous) : les femmes seraient plus « intéressantes » en tant qu'hôtes pour les agents infectieux car elles peuvent les transmettre pendant la grossesse, la naissance et l'allaitement. Du coup, le virus s'adapterait pour être moins virulent.
Les hommes ont un mode de vie moins sain
Mais pour d'autres spécialistes, la différence hommes-femmes repose davantage sur des biais statistiques que sur une base biologique. « Le taux de mortalité [du Covid-19] est étroitement lié aux comorbidités comme l'hypertension, le diabète ou les maladies cardiorespiratoires, qui affectent davantage les hommes », rapporte ainsi le directeur chargé de la coordination des alertes sanitaires auprès de ministère de la Santé espagnol, dans El Paìs. Selon le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CCDC), le taux de létalité au Covid-19 des patients diabétiques est ainsi de 7,3 %, contre 0,9 % pour les patients sans comorbidité.
Les hommes sont aussi plus nombreux à fumer que les femmes. Or, la cigarette accroît à la fois le risque de contamination (en portant la cigarette à la bouche avec ses doigts) et la mortalité (en réduisant la capacité pulmonaire). D'autres facteurs comportementaux peuvent également jouer un rôle : les hommes ont ainsi moins tendance à se laver les mains après être allés aux toilettes, indiquent plusieurs études. On sait aussi que les femmes sont plus attentives à leur santé et consultent plus tôt en cas de problème, ce qui augmente leurs chances de survie.
L'explication statistique n'est toutefois pas entièrement convaincante. Étant donné la surreprésentation des femmes parmi les personnes âgées, les plus à risque, on devrait par exemple voir plus de décès chez le sexe féminin. Ce débat rejoint celui sur l'écart de longévité homme-femme : d'abord justifié par des causes sociologiques, des preuves de différences biologiques sont venues ces dernières années semer le doute.
Lire la suite de cet Article sur Futura-sciences.com - Coronavirus : les femmes sont-elles mieux protégées que les hommes ?