À Bonn, en Allemagne, vient de s'ouvrir la « Conférence des parties » numéro 23, avec les États-Unis en vedette surréaliste, présents mais sortis de l'« accord de Paris », signé lors de la COP 21. Que reste-t-il de cet accord ? Une application incomplète mais des avancées réelles. Petit point de la situation pour ce nouveau round de discussions autour du climat.
Adopté fin 2015, entré en vigueur moins d'un an plus tard et à ce jour ratifié par 168 pays, l'accord de Paris impose un cadre à la lutte contre le réchauffement climatique, sans toutefois fixer d'objectif contraignant décliné par pays.
Quels objectifs ?
La communauté internationale s'est engagée à limiter la hausse de la température « bien en deçà de 2 °C » et à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 °C », par rapport au niveau d'avant la révolution industrielle. La mention du 1,5 °C a été un combat des pays les plus exposés, mais beaucoup d'experts doutent de sa faisabilité. Le Giec, le groupe des experts climat de l'ONU, doit produire, à l'automne 2018, un rapport sur cette question.
L'objectif de 2 °C, et encore plus de 1,5 °C, est très ambitieux compte tenu des concentrations record de gaz à effet de serre (GES) dans l'air, très persistants, et du niveau des émissions, pas encore stabilisées. Le Giec estime qu'il faudrait réduire ces émissions de 40 à 70 % entre 2010 et 2050 pour rester sous 2 °C. Le texte indique seulement que les pays recherchent « un plafonnement des émissions dans les meilleurs délais », puis « des réductions rapides par la suite ».
La recherche, dans la deuxième partie du siècle, d'un équilibre entre émission et absorption des GES est interprétée par les uns comme la fin des énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), quand d'autres misent sur le captage de CO2 (technique pas encore disponible) pour continuer à les exploiter. Contrairement au protocole de Kyoto, l'accord ne pose pas d'objectif contraignant décliné par pays : chacun s'est fixé ses objectifs, à ce stade pour 2025 ou 2030.
Quel calendrier ?
La réalisation de ces plans nationaux éviterait les catastrophiques +4 à 5 °C prévisibles en l'absence de politiques climatiques, mais laisse la planète sur une trajectoire dangereuse de plus de 3 °C. D'où la nécessité de renforcer ces engagements. Sur la base du volontariat, un bilan global est prévu en 2018.
L'accord prévoit un mécanisme de révision à la hausse tous les cinq ans des engagements nationaux, avec une première révision obligatoire en 2025, date trop tardive pour respecter les 2 °C. Les ONG et défenseurs du climat font pression pour qu'un maximum de pays relèvent leurs ambitions bien plus tôt : 2020 sera « la dernière occasion » de se placer sur la bonne trajectoire, vient de rappeler le rapport 2017 de l'ONU sur l'action climatique mondiale.
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