L’identité chrétienne fait débat en France! D’un côté, les tenants d’une affirmation musclée face à l’islam, à la crise migratoire et au ’déclin’ de l’Europe; de l’autre, les partisans de la culture du dialogue enseignée par tous les papes depuis Vatican II. Comment expliquer cette focalisation identitaire? Quelle place pour les croyants dans la société? La foi doit-elle se confondre avec des frontières nationales? Natacha Polony, Fabrice Hadjadj et Don Paul Préau répondent à ces questions cruciales à travers une discussion passionnée et captivante, sans faux-semblant ni fausse pudeur. Extrait de "Chrétiens français ou Français chrétiens" aux éditions Salvator (2/2).
Fabrice Hadjadj : Je trouve très intéressant que le chrétien se pose cette question : « Comment être chrétien et Français ? » Le fait même de se la poser est déjà une réponse. Elle montre que l’identité chrétienne ne peut jamais devenir identitaire. Quand dans les Lettres persanes on demande : « Comment peut-on être Persan ? », cette question est posée par rapport à l’étranger. Le Persan, c’est « l’autre ». Alors que « comment peut-on être chrétien ? », c’est la question que le chrétien se pose à lui-même. Il y a là une dimension profondément critique. Dans les Confessions, Augustin dit : « Je suis devenu une question devant Toi. »
Dans la démarche philosophique, le plus souvent, on a l’initiative de la question, on interroge d’une certaine façon souveraine… et donc dominatrice – c’est moi, philosophe, qui mène l’examen, qui révoque en doute, qui suis le maître de la question… Au contraire, le chrétien est destitué de toute souveraineté dans le questionnement. C’est lui d’abord qui est questionné par Dieu, qui est même appelé et qui se questionne à son propre sujet au vu de son indignité par rapport à cet appel. L’identité du chrétien procède d’une (...)lire la suite sur Atlantico