Le retour l'entraînement sportif doit se faire par étapes. Phil Roeder / Visualhunt, CC BY-SA
Comment bien reprendre l’entraînement sportif après un Covid
Valérie Bougault, Université Côte d’AzurQue ce soit pour la santé ou la performance, les sportifs réguliers n’aiment pas les interruptions impromptues, surtout pour cause de blessure ou maladie. Si certains sportifs, généralement professionnels, sont très bien conseillés sur la conduite à tenir en cas de maladie infectieuse et sur le protocole conseillé de retour progressif à l’entraînement, ce n’est pas le cas pour la majorité d’entre nous.
Sans conseil particulier, il est tentant de ne pas modifier son entraînement en cas de symptômes légers liés à un virus (parfois un simple rhume), ou de reprendre immédiatement l’entraînement à un niveau élevé ou à un niveau préinfection dès la disparition des symptômes.
Il existe pourtant des recommandations internationales accessibles à tous sur le retour à l’entraînement en cas d’infection. Elles concernent notamment des voies respiratoires (hors Covid), qui sont les plus couramment rencontrées chez les sportifs. Ces recommandations sont remises à jour selon la littérature scientifique (dont celles du CIO à paraître en 2022 dans la revue spécialisée British Journal of Sports Medecine).
Bien évaluer son état et ses risques
Les recommandations pour une reprise en toute sécurité impliquent d’évaluer notamment :
La gravité de l’infection en fonction de ses symptômes,
Le risque pour la santé en fonction de ses antécédents, de l’évaluation clinique et des examens spéciaux (le cas échéant),
Le risque lié à l’activité (risque d’événement médical indésirable pendant l’exercice : essoufflement, maux de tête, douleurs thoraciques, syncope, etc.)
Après une infection au Covid, en particulier, il est préférable d’adopter une reprise progressive de l’entraînement, en prêtant attention aux risques de complications cardiologiques, rénales, respiratoires et hématologiques.
Plusieurs équipes de chercheurs ont ainsi établi des recommandations de reprise de l’entraînement à destination en général des personnels médicaux recevant des athlètes, mais également des entraîneurs et de l’athlète lui-même. L’objectif de cette reprise progressive est d’éviter les complications, mais également les blessures souvent fréquentes après une reprise trop intense.
Des reprises différentes en fonction des symptômes éprouvés
Ceux concernés par la reprise progressive de l’entraînement sont ceux qui ne sont plus symptomatiques et qui ont eu un Covid asymptomatique ou symptomatique léger à modéré. Si leurs symptômes étaient légers à modérés, ou s’ils ont des co-morbidités, il est conseillé aux athlètes d’avoir l’aval de leur médecin, qui pourra leur demander des examens complémentaires et notamment cardiaques (ECG et échocardiographie) avant la reprise.
Pour les cas plus sévères, ceux ayant eu des symptômes sur une période prolongée (> 14 jours), les Covids longs ou ceux qui ont été hospitalisés, la reprise s’accompagne de toute façon d’un avis médical nécessitant des examens complémentaires plus poussés : sanguins avec recherche de marqueurs d’inflammation cardiaque ou systémique (hs-cTnT, BNP, D-dimer, CRP…), de pathologies rénales ou hématologiques ; cardiaques (ECG, échocardiographie, épreuve d’effort, IRM, Holter sur 24h…) ; et/ou respiratoires (radio, CT-scan, EFR…) au préalable.
Pour ces derniers et pour ceux qui ont un Covid long, il est conseillé de réaliser un programme de reprise de l’entraînement au cas par cas avec un suivi médical.
Pour reprendre le sport ou l’activité physique, l’athlète ne doit plus présenter de symptôme depuis au moins sept jours et être à distance de dix jours ou plus du premier jour des symptômes. La perte isolée du goût ou de l’odorat n’est pas, a priori, un symptôme déterminant dans la décision de reprise ou non.
L’athlète doit également être capable de réaliser ses activités habituelles et pouvoir marcher 500 m sur un sol plat ou courir dix minutes à faible allure sans fatigue excessive ou essoufflement. Si c’est le cas, il pourra débuter son retour progressif à l’entraînement en débutant avec des intensités et durées d’effort faibles à modérées.
Un retour à l’entraînement différent selon le sport et les symptômes
La création d’un plan de retour progressif à l’entraînement facile à suivre vise à aider et informer toutes les personnes impliquées dans le suivi sportif et médical de l’athlète. Il fournit des conseils facilement accessibles sur ce à quoi on peut normalement s’attendre à la reprise de l’activité physique, reflétant l’expérience de la gestion de cas et les recherches pertinentes publiées.
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Le retour à l’entraînement se fait progressivement en suivant des étapes plus ou moins rapidement (chaque étape ? 1 jour), selon les capacités d’adaptation de chacun et la sévérité comme la durée des symptômes éprouvés lors de son Covid-19.
En effet, les athlètes positifs au Covid qui sont asymptomatiques ou qui ne présentent que des symptômes dits « au-dessus du cou » (toux, perte du goût ou de l’odorat, rhume) ont tendance à se rétablir plus rapidement et peuvent donc reprendre un entraînement complet plus vite que les athlètes qui présentent des symptômes « au-dessous du cou » ou plus systémiques. Ce peut être, mais sans que ce soit limitatif : fièvre, essoufflement, douleurs thoraciques, ou palpitations.
Le retour à certains sports sera également plus rapide que dans d’autres. Un golfeur pourra reprendre son entraînement plus rapidement qu’un cycliste, par exemple.
Cinq étapes pour retrouver l’intensité en toute sécurité
Le retour au sport, jusqu’à retrouver son niveau d’entraînement pré-Covid, peut être divisé en cinq étapes qui permettent de gagner progressivement en intensité.
Étape 1. Ceux qui ont eu un Covid symptomatique avec des symptômes localisés « en dessous du cou » ou touchant le corps dans son entier sont encouragés à débuter le plan de reprise au début. Cette première étape comprend une période de repos complet pendant au moins cinq jours, afin d’optimiser la récupération initiale et limiter les risques cardiorespiratoires. Cette période peut correspondre aux cinq premiers jours sans symptôme.
Étape 2. Après ces cinq jours de repos initial, si le clinicien superviseur l’approuve, le sportif peut passer à la deuxième étape : elle est constituée d’un minimum de 48 heures d’activité physique légère (faible intensité et faible durée). Selon le ressenti et les indicateurs physiologiques utilisés (fréquence cardiaque, échelle de perception de l’effort…), cette phase peut durer davantage.
Étapes 3 et 4. Si tout va bien, l’athlète peut passer à l’étape suivante, d’une durée minimale de 48h également qui permet de monter en intensité. De nouveau, selon le ressenti et les indicateurs physiologiques, le sportif va pouvoir progresser plus ou moins rapidement vers l’étape 4, qui constitue le retour à l’entraînement normal. Ce dernier survient, dans le meilleur des cas, au dixième jour à partir du moment de l’arrêt de symptômes. Ceux ayant eu des symptômes « au-dessus du cou », peuvent reprendre à l’étape 3.
Étape 5. Elle constitue, pour les athlètes concernés, au retour à la compétition. Comme à chaque étape, les indicateurs de santé physio-psychologiques sont primordiaux.
Ce processus est en général plus rapide chez ceux ayant eu un Covid asymptomatique. Ils peuvent commencer directement à l’étape 3, mais en restant toujours vigilant sur l’éventuelle apparition de signes et symptômes évocateurs de conséquences potentiellement liées au Covid-19 (fréquence cardiaque élevée, essoufflement anormal, oppression thoracique…).
Dans ce cas, il est vivement conseillé d’en parler à son médecin et voir avec lui la possible reprise de l’entraînement aux étapes précédentes, selon l’importance des signes cliniques.
Chez tous, de toute façon, en cas d’apparition de symptômes ou signes inhabituels à l’effort ou au repos, le retour progressif à l’entraînement sera stoppé jusqu’à l’aval d’un spécialiste après examen médical approprié.
De très nombreux de cas de figure peuvent survenir, sans que ce soit le signe d’un problème sous-jacent grave. Certaines personnes ont ainsi besoin de plus de trois semaines pour récupérer et reprendre un entraînement habituel. Parfois, des symptômes légers peuvent persister dans le temps : par exemple, un léger essoufflement, une fréquence cardiaque élevée sans anomalie cardiaque sous-jacente ou de la fatigue… Ce qui peut prolonger le processus de reprise de l’entraînement. Le point le plus important est d’être vigilant aux signes envoyés par notre corps pour ne pas passer à côté d’une alerte.
Niall Elliott, du Sport Scotland (Royaume-Uni), est médecin en chef du British Olympic Association. Il est l’auteur de la publication de référence sur le retour à l’entraînement et a participé à la conception de cet article et autorisé la reprise et l’adaptation de ses infographies.
Valérie Bougault, Maître de Conférences, Université Côte d’Azur
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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