Une circulaire du 28 novembre demande ouvertement à l’ensemble du corps préfectoral de faire du « combat contre l’islamisme et le communautarisme » un nouvel axe fort de l’action de l’Etat.
Islamisme », le mot est sujet à controverse, il n’en existe pas de définition sémantique précise, et Christophe Castaner le sait. Malgré le risque politique, le ministre de l’intérieur n’est toutefois pas avare de son temps pour justifier, quatre jours après son annonce, une circulaire du 28 novembre, envoyée à l’ensemble du corps préfectoral, dans laquelle il est ouvertement demandé de faire du « combat » contre « l’islamisme » et le « communautarisme » un « nouvel axe » fort de l’action de l’Etat.
« J’assume : mon adversaire, c’est l’islamisme », insiste le ministre de l’intérieur auprès du Monde, dans le cadre d’un entretien téléphonique organisé samedi 30 novembre.
Ces déclarations s’inscrivent dans la continuité de celles d’Emmanuel Macron, le 19 novembre, à l’occasion du Congrès des maires de France. Ce jour-là, le chef de l’Etat avait déjà annoncé « des actions nouvelles concrètes » visant « l’islamisme politique » de ceux qui ont « un projet de séparation d’avec la République ».
Un virage aussi esquissé depuis quelques semaines par le secrétaire d’Etat Laurent Nunez auprès du ministre de l’intérieur lors de ses déclarations publiques, mais cette fois appuyé par des consignes directes aux préfets.
« Il y a des problèmes qu’il faut poser pour et avec les musulmans. On n’est plus dans le temps des non-dits. »
Opportunisme politique dans un contexte de campagne prémunicipale ? Besoin de préciser un propos dont il connaît le potentiel explosif ? M. Castaner justifie, lui, ce « changement de paradigme » par la nécessité de transparence sur les pratiques de son administration. « Quand je suis arrivé dans ce ministère, on m’a expliqué un peu sous le sceau du secret ce qui était fait depuis plusieurs années. J’aurais pu faire comme beaucoup, continuer à ne pas nommer les choses, mais il y a des problèmes qu’il faut poser pour et avec les musulmans. On n’est plus dans le temps des non-dits », développe le ministre.
Ces pratiques auxquelles fait référence M. Castaner concernent le ciblage de commerces ou d’associations cultuelles et sportives gérés par des personnalités appartenant aux milieux rigoristes musulmans (souvent salafistes). Ces structures sont généralement visées pour leur influence et les discours qui peuvent y être tenus : souvent pro-charia, anti-Etat, invitant notamment à privilégier l’enseignement scolaire à la maison. A défaut de levier juridique pour les affaiblir au nom de leur obédience religieuse – la liberté de culte est garantie en France –, le ministère de l’intérieur multiplie les contrôles à leur égard en matière d’hygiène, de sécurité ou de fraude fiscale.
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