Bien que les raisons fiscales demeurent un déterminant important de l'exil fiscal des Français aisés, ceux-ci sont également motivés par des opportunités de carrière et de meilleures conditions entrepreneuriales qu'offrent à leurs yeux certains pays.
Atlantico : Le rapport annuel du ministère des Finances sur l'exil fiscal remis récemment au Parlement fait état d'une hausse de 10% de cet exil entre 2013 et 2014 pour les revenus supérieurs à 100 000 euros. Comment interpréter cette hausse ? Outre la fiscalité française, qu'est-ce qui pousse à l'exil fiscal un certain nombre de Français, et notamment parmi les plus aisés ?
Philippe Crevel : Il y a plusieurs aspects à prendre en compte, notamment le fait que la France évolue dans une économie de plus en plus mondialisée, avec un certain nombre d'entreprises de plus en plus installées à l'étranger. Ceci génère donc des flux entrants et sortants de cadres : des cadres étrangers viennent en France, mais également des cadres français partent à l'étranger, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni, ou en Tchécoslovaquie - il y a 3 000 Français à Prague par exemple. Cela concerne des cadres en milieu de carrière qui vont faire un tour du monde pour accroître leurs perspectives d'évolution de carrière. Il faut également tenir compte des Français souhaitant développer leur start-up, et qui, pour cela, décident de partir aux États-Unis ou au Royaume-Uni, pour des raisons fiscales, mais aussi entrepreneuriales car c'est dans ce pays-là que les choses se passent.
Toutefois, il est évident qu'il y a là également un aspect fiscal : d'ailleurs, l'augmentation du nombre d'expatriés autour de 2010, au moment où est survenu le choc fiscal amplifié à partir de 2012, s'est ainsi maintenue. Initialement, ces départs concernaient les très riches; désormais, il s'agit davantage des riches.