Le mariage envisagé avec Siemens s’étant heurté au veto de Bruxelles, le spécialiste du ferroviaire doit désormais élaborer sa stratégie en solo.
Trois mois presque jour pour jour après la décision prise par Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence, de ne pas autoriser la fusion entre Alstom et Siemens qui devait créer un champion européen du ferroviaire, le groupe français – donc définitivement célibataire – publie mardi 7 mai ses résultats financiers pour l’année 2018-2019.
Le moins que l’on puisse dire c’est que le champion tricolore du ferroviaire reste un beau parti. Les résultats pour l’année fiscale à la mode Alstom (qui va de mars à mars, comme pour les entreprises japonaises) sont non seulement supérieurs aux attentes des analystes mais même tout simplement historiques. Le chiffre d’affaires atteint pour la première fois les 8 milliards d’euros, en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente. Le bénéfice bondit de 87 % et va se percher à 681 millions d’euros. La marge d’exploitation passe de 5,7 % à 7,1 %.
Et l’on pourrait multiplier la litanie des clignotants passés au vert : amélioration du flux de trésorerie, des capitaux propres, du résultat d’exploitation (+44 %), des investissements. La hausse du dividende versé aux actionnaires est tout simplement énorme en raison d’une surabondance de trésorerie liée à des cessions de participations : 5,50 euros par action, contre 0,35 euro lors de l’exercice précédent. Point rassurant pour l’avenir du groupe : enrichi de 12 milliards d’euros de marchés gagnés en 2018, le carnet de commandes bat un nouveau record et dépasse pour la première fois les 40 milliards d’euros.
« Une dynamique commerciale exceptionnelle »
« Alstom a profité cette année d’une dynamique commerciale exceptionnelle avec notamment deux contrats majeurs : le renouvellement de la flotte des trains à très grande vitesse en France et le projet d’un système complet de métro à Montréal », a commenté le PDG Henri Poupart-Lafarge, cité dans le communiqué annonçant les résultats mardi 7 mai. Il aurait pu ajouter –liste non exhaustive – les rames du Grand Paris Express, des trains pour Bombay (Inde), des contrats de services pour les métros de Riyad, Taipei, Sydney, des tramways à Francfort, des locomotives au Maroc… C’est à se demander si Alstom avait vraiment besoin de se marier.
Ce qui est certain c’est que le groupe français est arrivé au bout du cycle de son plan stratégique en cours. « Une croissance très forte du chiffre d’affaires et la nouvelle amélioration de la marge confirment le succès de notre stratégie 2020 », a souligné M. Poupart-Lafarge. Il reste maintenant à établir un nouveau projet pour l’avenir. Alstom est resté officiellement muet sur ce point lors de la présentation des résultats. Le communiqué se contente de préciser que « les perspectives d’Alstom seront communiquées à l’occasion du Capital Markets Day qui se tiendra à Paris le 24 juin 2019 ».
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