Sur les chantiers de la capitale belge, la coopérative Rotor Déconstruction récupère des matériaux de construction qu’elle entrepose dans une ancienne chocolaterie Leonidas.
Boulevard Albert-II, dans le nord de Bruxelles, les travaux de démolition viennent juste de démarrer. Dans quatre ans, les deux tours du World Trade Center, le « Manhattan belge », auront laissé place à un bâtiment « flexible » dont les besoins énergétiques seront couverts à 60 % par un système de géothermie. Terrasse à chaque étage, jardin suspendu sur le toit, espace intérieur végétalisé… les futurs bureaux de l’administration flamande jouxteront des appartements, des espaces de coworking, une salle de fitness et un hôtel. Pour autant, les deux tours édifiées dans les années 1970 n’ont pas rendu leur dernier souffle : 62 % des bâtiments seront réutilisés et plus de 95 % des matériaux et équipements existants récupérés ou recyclés.
Une ancienne usine est reconvertie en coopérative spécialisée dans le démontage et la revente de matériaux de finition modernes et contemporains
A quelques encablures de là, dans le quartier d’Anderlecht, une bonne partie des sanitaires vintage du World Trade Center font leur transhumance. Plusieurs centaines de lavabos et de cache-radiateurs sont déposées les uns à côté des autres, dans une ancienne usine de la chocolaterie Leonidas reconvertie en coopérative spécialisée dans le démontage et la revente de matériaux de finition modernes et contemporains. Fondée en 2006 par trois amis férus d’architecture et pionniers de l’économie circulaire, Rotor Déconstruction s’est fait un nom dans la capitale belge et même au-delà. « Dans le quartier européen de Bruxelles, un quart des loyers ont un bail de trois ans ou moins, relate l’ingénieur architecte Lionel Devlieger, l’un des trois fondateurs de Rotor. Quand le locataire change, les bureaux sont remis à nu et tout le mobilier part à la benne. Notre point de départ, il y a treize ans, a donc été de nous focaliser sur ce gisement. »
La région Bruxelles-Capitale se montre aussitôt intéressée par le projet, et commande à Rotor une étude sur le potentiel des matériaux de réemploi. « Nous avons fait des centaines de visites de chantiers, centres de tri et centres d’enfouissement pour comprendre comment les choses se passaient », poursuit M. Devlieger. Les conclusions sont sans appel : « Le recyclable à 100 %, ça n’existe pas. Il y a toujours une perte, et de ce “sous-recyclage” sont issus des produits aux performances médiocres, car tout ce qui est potentiellement de valeur est abîmé par le simple contact avec la benne. »
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