Expression de la liberté de religion ou menace pour l'ordre public? La décision attendue vendredi du Conseil d'Etat sur l'interdiction du burkini marquera un tournant, mais certainement pas un coup d'arrêt, dans un débat toujours plus fièvreux.
Le juge administratif de dernier recours, habitué aux dossiers sensibles tels que l'euthanasie, mais dont rarement décision sera autant suivie, dira à 15h00 s'il suspend ou non un arrêté pris à Villeneuve-Loubet, sur la Côte d'Azur.
La décision fera date pour la trentaine de communes françaises ayant pris des arrêtés similaires, mais aussi pour l'exécutif. Le gouvernement compte en effet sur le Conseil d'Etat pour trancher, au moins juridiquement, un débat qui n'en finit pas de s'envenimer et de diviser jusqu'en son sein.
S'exprimant jeudi pour la première fois sur le sujet, le président François Hollande s'est bien gardé de s'avancer: il a appelé à ne céder ni à la "provocation" ni à la "stigmatisation", mettant en avant le "grand enjeu" de "la vie en commun" dans le pays qui compte la plus importante communauté musulmane d'Europe.
Mais la décision de la haute juridiction administrative sera aussi regardée avec intérêt au niveau international, où la polémique française sur ces tenues de bain islamiques, couvrant le corps des cheveux aux chevilles, est suivie avec une certaine consternation.
La justice française a "l'occasion d'annuler une interdiction discriminatoire qui se fonde sur, et qui nourrit, les préjugés et l'intolérance", a estimé dans un communiqué John Dalhuisen, directeur du programme Europe d'Amnesty International.
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