L'affaire n'a strictement rien à voir avec celle de l'interpellation violente de Théo. Elle n'efface pas la réalité des graves blessures subies par le jeune homme de 22 ans. Mais elle serait embarrassante et elle sèmerait le doute sur la probité d'une partie de la famille Luhaka. Une enquête préliminaire pour "abus de confiance" et "escroquerie" a été ouverte par le parquet de Bobigny en juin 2016, indique une source judiciaire à L'Express, confirmant une information du Parisien. Soit plus de six mois avant les faits d'Aulnay-sous-Bois.
Les enquêteurs de la SDPJ de Seine-Saint-Denis s'interrogent sur un possible détournement de subventions publiques au profit d'une association, Aulnay Events, présidée par le grand frère de Théo, Mickael. De source proche de l'enquête, les soupçons portent sur un montant de plus de 678 000 euros, somme destinée à la création de contrats aidés entre 2014 et 2016. Les policiers cherchent à vérifier la réalité de ces emplois. Auprès du Parisien, Mickael a reconnu avoir embauché trois de ses frères et soeurs, dont Théo, mais a fermement démenti tout enrichissement personnel.
"Un contre-feu allumé par la police"
Des versements suspects sur les comptes de la fratrie, y compris celui de Théo qui aurait perçu plus de 50 000 euros, interrogent toutefois les enquêteurs. C'est l'inspection du travail qui, après un contrôle des activités de l'association, a alerté la justice, conformément à l'article 40 du code pénal, qui oblige toute administration à signaler une infraction dès qu'elle en a connaissance.
A ce stade, aucun des membres de la famille Luhaka n'a été placé en garde à vue pour s'expliquer. "Cette révélation gêne l'enquête. La stratégie dans ce type de dossier est de glaner d'abord des renseignements, d'interroger les entourages pour ensuite, à la toute fin, confronter ces éléments aux mis en cause", soupire une source proche de l'enquête.