Les revendications de Daech après un attentat sont-elles fiables? Cette question prend de l'ampleur après l'assassinat de deux femmes à la gare Saint-Charles de Marseille et la pire fusillade de l'histoire des États-Unis, deux attaques survenues dimanche. Quelques heures après, l'État islamique les a revendiquées par le biais de son organe de propagande, Amaq, affirmant que les auteurs avaient agi au nom de l'organisation. Mais cette double revendication laisse les autorités et les spécialistes sceptiques.
Pourquoi ces revendications suscitent-elles le doute?
• Pas de lien entre les assaillants et l'EI
Dans le cas de Marseille, cette revendication «pose vraiment question car aucun élément ne relie l'assaillant à l'organisation», a confié une source proche du dossier à l'AFP. Pour ce qui est de Las Vegas, l'attaque a été minutieusement préparée mais le FBI a déclaré n'avoir établi «aucun lien à ce stade avec un groupe terroriste international». La CIA a également mis en garde contre «des conclusions hâtives», en renvoyant à l'enquête en cours. Le shérif de Las Vegas a évoqué un «loup solitaire» et un «psychopathe», se refusant lui aussi à évoquer la piste terroriste. Les enquêtes restent cependant en cours et de nouveaux éléments pourraient apparaître.
Plusieurs spécialistes ont également relevé des éléments imprécis ou inhabituels pour des attaques terroristes revendiquées par Daech. «De toutes les revendications de l'EI, celle de Las Vegas est la plus étrange», souligne ainsi Rita Katz, directrice du site SITE spécialisé dans la couverture des informations issues des réseaux djihadistes. «De tels assaillants laissent généralement des indicateurs» de leur radicalisation «en ligne, dans leurs voyages, dans leur histoire». La spécialiste souligne également que l'EI ne prouve pas sa connexion avec l'assaillant, ce que l'organisation prend pourtant généralement soin de faire.
• Le suicide du tireur de Las Vegas
Autre fait particulier: l'auteur de l'attaque de Las Vegas s'est suicidé, selon la police américaine. «Ce qui dénote complètement avec le mode opératoire d'un djihadiste vouant allégeance à l'État islamique», a souligné sur France 5 Wassim Nasr, journaliste pour la chaîne France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes.