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La difficulté que rencontre le gouvernement à répondre à la série inédite de crises que traverse le pays et à éteindre les nombreux foyers de mécontentements alimente la défiance à son égard, estime, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Chronique. Emmanuel Macron rattrapé par le terrorisme, c’est du pain béni pour Marine Le Pen qui, depuis samedi 5 octobre, frappe là où cela fait mal : l’Etat protecteur a été gravement pris en défaut de vigilance. La Préfecture de police de Paris et en son sein le service le plus sensible, celui du renseignement, abritait un individu converti à l’islam radical qui a tué trois policiers et un agent administratif, ses anciens collègues. La tête du ministre de l’intérieur, demandée avec force cris par le Rassemblement national et une partie de la droite, ne pèse en réalité rien au regard du traumatisme que soulève cette tuerie. L’Etat est apparu à découvert dans ses fonctions régaliennes et, quelle que soit la personnalité chargée d’incarner le maintien de l’ordre, ce sera dur à faire oublier.

Le drame intervient dans un contexte problématique pour l’exécutif. Le climat dans le pays n’est pas bon. Les membres du gouvernement et de la majorité en ont hautement conscience. Pas un, ces derniers temps, qui ne fasse le décompte des nombreux signaux d’alerte émis. Il y a d’abord l’incapacité des ministres et du premier d’entre eux à crédibiliser la parole publique après l’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso à Rouen. Plus de 5 000 tonnes de produits dangereux sont parties en fumée dans la nuit du 25 au 26 septembre, créant une psychose dans la population que les pouvoirs publics ont le plus grand mal à contenir.

Il y a ensuite ces foyers de mécontentements persistants dans la police, chez les pompiers, dans l’éducation nationale, aux urgences, révélateurs de souffrances et de dysfonctionnements dans des secteurs-clés qui structurent le modèle français. Il y a encore ces tensions de plus en plus fortes dans les territoires ruraux entre les agriculteurs aux abois et les écologistes à l’offensive.

Il y a enfin « cette espèce de paranoïa ambiante » pointée par le chef de l’Etat lors du débat sur les retraites jeudi 3 octobre, à Rodez (Aveyron), qui conduit, selon lui, un certain nombre de « gens » à « douter de tout, même des scientifiques ». Mis bout à bout, ces différents éléments illustrent la gigantesque crise de confiance qu’affronte l’exécutif et la difficulté qu’il éprouve à reprendre la main.


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