Chaque année, plus de 10.000 décès, et plus de 130.000 hospitalisations sont causés par un mauvais usage de médicaments, d'après un communiqué du Collectif Bon Usage du Médicament du jeudi 22 mars 2018. Or, dans 45 à 70% des cas, ces hospitalisations seraient évitables.
Une première campagne envers les séniors qui semble réussie
Créé en 2015, le Collectif Bon Usage du Médicament réunit l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament : industriels, médecins, pharmaciens, infirmiers, masseurs kinésithérapeutes, acteurs de la protection sociale et du service à la personne, éditeurs de bases de données et de logiciels d’aide à la prescription. Leur premier objectif était de sensibiliser les séniors aux effets délétères des médicaments lorsqu'ils ne sont pas pris correctement. Les patients les plus à risque sont en effet les personnes âgées de 75 à 84 ans qui prennent, en moyenne, quatre médicaments différents. Le Collectif s'est félicité d'avoir fait baisser leur consommation ces dernières années, en visant par des campagnes d'information les séniors et les professionnels qui les accompagnent. Selon leur propre évaluation, 65 % des patients ont jugé la campagne utile, et 2/3 disaient avoir l’intention d’en parler à leur médecin traitant ou à leur pharmacien. Ils ont également constaté une "diminution des quantités prescrites chez les plus de 65 ans" avec une économie de 74 millions d'euros entre le second semestre 2015 et le second semestre 2014 et une diminution d’associations médicamenteuses potentiellement dangereuses.
Les accidents médicamenteux font 3 fois plus de morts que les accidents de la route
"Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments... les causes d'un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d'être anodines", écrit le Collectif Bon Usage du médicament dans un communiqué. Les mésusages du médicament "sont responsables chaque année de plus de 10.000 décès", soit "trois fois plus que les accidents de la route", a souligné le Collectif. S'y ajoutent "plus de 130.000 hospitalisations", qui durent en moyenne une dizaine de jours. "Dans 45 à 70% des cas", ces accidents "seraient évitables", estime le Collectif. Un rapport d'experts remis au ministère de la Santé en 2013 soulignait que la France était un "mauvais élève européen", en particulier parce qu'elle consomme beaucoup de médicaments, vraisemblablement trop.
SIGNAUX D'ALERTE. Les accidents médicamenteux, "qu’ils résultent de traitements multiples, d’associations inappropriées ou d’une mauvaise prise de médicaments, peuvent se manifester de différentes manières, en fonction de la sensibilité, de l’âge, de la morphologie et de l’état de santé de chacun d’entre nous et de la nature des médicaments concernés", explique le Collectif dans une brochure de 2015. "Les signes d'alerte sont très banals : une fatigue excessive, une diminution de l'appétit, une perte de poids, des vertiges, un malaise, des troubles de l'équilibre, une chute, des pertes de mémoire, des troubles digestifs ou urinaires, des palpitations, des troubles de la vision", rappelle-t-il. Pour éviter les accidents médicamenteux, pensez à suivre scrupuleusement la posologie des médicaments, ne pas en arrêter ou commencer la prise sans avis médical, toujours préciser aux professionnels de santé consultés ceux que vous prenez déjà (afin qu'il prenne en compte les possibles interactions dans son conseil ou sa prescription), et bien conserver vos médicaments dans leur emballage d'origine. En cas d'effets indésirables ou de soupçon d'accident médicamenteux, parlez-en à votre médecin ou pharmacien.
Avec AFP
Lire la suite : 10.000 décès par an sont dus à un mauvais usage des médicaments - Sciences et Avenir