Les Comores ont renvoyé vers Mayotte, mercredi 21 mars au soir, un bateau qui devait accoster sur leur île d’Anjouan avec à son bord une centaine de migrants clandestins expulsés à leurs yeux illégalement par la France, a-t-on appris auprès des autorités.
Le Gombessa, un navire battant pavillon comorien avec 93 passagers en grande majorité comoriens, s’est présenté mercredi en fin de journée devant le port de Mutsamudu, a constaté un journaliste de l’AFP. Mais les autorités locales lui ont refusé d’accoster sur ordre du gouvernement de Moroni, qui a publié une circulaire interdisant le retour sur son territoire des expulsés de Mayotte.
« Pour des raisons de sûreté et de sécurité, il est interdit aux compagnies maritimes et aériennes […] d’embarquer à destination des autres îles sœurs toute personne considérée par les autorités qui administrent Mayotte comme étant en situation irrégulière, et ce jusqu’à nouvel ordre », indique le document. La circulaire, signée par le secrétaire d’Etat comorien chargé des transports, Soulaimana Kaambi, est entrée en vigueur mercredi.
Après deux heures de blocage, le navire a été sommé de repartir et a repris la direction de Mayotte, a indiqué la capitainerie du port de Mutsamudu.
20 000 expulsions par an
L’île de Mayotte est paralysée depuis un mois par un mouvement de contestation sociale contre l’insécurité et l’immigration clandestine en provenance des Comores, dont le PIB par habitant est treize fois plus faible. Chaque année, quelque 20 000 personnes sont renvoyées de Mayotte vers l’archipel comorien.
Les Comores, archipel de l’océan Indien composé de quatre îles (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance de Paris en 1975, mais Mayotte a décidé de rester dans le giron de la France. Depuis, Moroni revendique la souveraineté sur ce département français et s’oppose aux expulsions de ses ressortissants.
Le ministre comorien des affaires étrangères, Mohamed Soeuf Elamine, a attribué dimanche la responsabilité de l’insécurité à Mayotte aux autorités françaises qui conduisent, a-t-il dit, des « expulsions illégales manu militari ».
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