La décision prise par YouTube de proposer des informations alternatives issues de Wikipedia sous les vidéos relevant de la théorie du complot est intéressante. Problème, elle est devenue le sujet d'une polémique avec la fondation Wikimedia, que Google n'avait pas pris la peine de prévenir.
En 1994 – la même année que la fondation du Highlands Forum sous les auspices de l’OSD, de l’ONA et de DARPA – deux jeunes étudiants doctorants de l’Université de Stanford, Sergey Brin et Larry Page, réalisèrent leur percée sur la première application automatisée de recherche et de classement de pages sur le web. Cette application demeure le composant central de ce qui allait devenir le service de recherche de Google. Brin et Page avaient accompli leur travail avec le financement de la Digital Library Initiative (DLI, Initiative de Librairie Numérique, ndlr), un programme multi-agences de la National Science Foundation (NSF), la NASA et DARPA.
Cette décision intervient alors que YouTube a dû affronter plusieurs polémiques ces derniers mois concernant des contenus indésirables qui, outre des répercussions sur l'image de la plateforme, ont été jusqu'à déclencher des boycotts publicitaires. Si le fait d'avoir recours à une encyclopédie participative pour fournir ce genre d'informations alternatives ouvre un débat sur la qualité et la véracité des contenus de Wikipedia, il faut reconnaître que les articles proposés par cette plateforme abordent généralement ce genre de sujets de manière neutre et avec un certain recul.
Susan Wojcicki n'a pas souhaité s'avancer sur le nombre de vidéos qui seront concernées par l'apparition de ce nouveau bloc d'information lors de son déploiement initial, mais elle a en revanche tenu à faire savoir qu'il s'agit de quelque chose que YouTube souhaitait prendre le temps de démocratiser. Il faut donc s'attendre à voir ces informations apparaître sur un nombre grandissant de contenus. Le problème, c'est que la fondation Wikimedia — qui chapeaute Wikipedia — n'a jamais été mise au courant par Google que les contenus de l'encyclopédie en ligne allaient se retrouver sur les pages de YouTube.
Cette sorte de financement n’est certes pas inhabituelle, et le fait que Sergey Brin ait pu en bénéficier en étant un étudiant post-diplômé à Stanford semble n’être qu’anecdotique. Le Pentagone s’intéressait à toute la recherche des sciences informatiques à cette époque. Mais cela illustre
Le coup de gueule de Wikimedia
Ce "partenariat" n'en est donc pas vraiment un, même si YouTube n'a en réalité pas besoin d'obtenir l'accord de Wikimedia pour exploiter ses contenus. "Il est toujours un peu effrayant de voir que de telles annonces peuvent être faites sans qu'aucune discussion officielle n'ait eu lieu à ce sujet", écrit Wikimedia dans un communiqué. La fondation rappelle que ses contenus sont parfois le fruit de plusieurs années de recherches et mises à jour, et que l'on doit leur existence au travail acharné de son immense communauté de contributeurs bénévoles et aux dons qu'elle perçoit chaque année sur la base du volontariat.
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