Si gauches et écologistes s’unissaient au Parlement européen, ils formeraient le plus grand groupe et pourraient peser davantage, estime l’économiste dans sa chronique au « Monde ».
Chronique. Bonne nouvelle : au vu des résultats des élections européennes, il semblerait que les citoyens français et européens se soucient davantage du réchauffement climatique. Le problème est que le scrutin qui s’achève n’a guère permis de faire progresser le débat de fond. Concrètement, avec quelles forces politiques les écologistes comptent-ils gouverner et sur quel programme d’action ? En France, les Verts ont certes réalisé un score honorable : 13 % des voix. Mais vu qu’ils avaient déjà obtenu 11 % lors des européennes de 1989, 10 % en 1999 et 16 % en 2009, rien n’indique qu’une majorité « Verte » autonome soit à portée de main. Au Parlement européen, les Verts auront presque 10 % des sièges (74 sur 751). C’est mieux que dans le parlement sortant, ou leur part n’était que de 7 % (51 sièges), mais cela oblige à clarifier la question des alliances. Or les responsables Verts, enivrés par leur succès, notamment en France, refusent de dire s’ils souhaitent gouverner avec la gauche ou la droite.
Pourtant tout indique de plus en plus clairement que la résolution du défi climatique ne pourra se faire sans un puissant mouvement de compression des inégalités sociales, à tous les niveaux. Avec l’ampleur actuelle des inégalités, la marche en avant vers la sobriété énergétique restera un vœu pieux. D’abord parce que les émissions carbone sont fortement concentrées parmi les plus riches. Au niveau mondial, les 10 % les plus riches sont responsables de près de la moitié des émissions, et les 1 % les plus riches émettent à eux seuls plus de carbone que la moitié la plus pauvre de la planète. La réduction drastique du pouvoir d’achat des plus riches aurait donc en tant que telle un impact substantiel sur la réduction des émissions au niveau mondial.
Par ailleurs, on voit mal comment les classes moyennes et populaires des pays riches comme des pays émergents accepteraient de changer leur mode de vie (ce qui est pourtant indispensable) si on ne leur apporte pas la preuve que les plus aisés sont mis à contribution. La séquence politique observée en France en 2017-2019, étrangement absente de la campagne, apporte une illustration dramatique et emblématique de ce besoin de justice. Le principe de la taxe carbone était relativement bien accepté en France en 2017, et il était prévu qu’elle augmente régulièrement jusqu’en 2030 afin que le pays réduise ses émissions, conformément aux engagements pris lors des accords de Paris.
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