Le parquet de Paris a ouvert, mardi 9 mai, une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel et recel à la suite de la publication sur les réseaux sociaux de fiches de police d’individus signalés pour radicalisation. Le ministre de l’intérieur, Matthias Fekl, a décidé dans le même temps de faire un signalement au procureur sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale pour appuyer cette démarche. Cette enquête vise notamment la publication de quatre fiches ou avis de recherche sur le compte Twitter de Jean-Paul Ney, « journaliste » aux méthodes controversées.
Une volonté partagée
Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà été condamné, en octobre 2016, pour « recel de violation du secret de l’enquête » après avoir publié sur Twitter, le soir des attentats contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, les avis de recherche des frères Kouachi et d’un certain Hamyd M., qui ne sera pas inquiété dans ce dossier, accompagnés de ce commentaire : « On vous tiens [sic] enfants de putains. »
Sept mois après sa condamnation, Jean-Paul Ney a récidivé, publiant quatre nouvelles fiches d’individus recherchés, une le 20 avril et trois autres le 6 mai. Cette nouvelle enquête a été confiée à l’Inspection générale de la police nationale. Elle s’attachera à déterminer l’origine des fuites – une mission a priori empêchée par la protection du secret des sources dont bénéficient les journalistes – et plus vraisemblablement les suites judiciaires à donner à leur diffusion. « Je me présenterai à toute convocation de justice pour m’expliquer », a -t-il écrit sur son compte Twitter.
L’attentat des Champs-Elysées
Jeudi 20 avril, trente minutes à peine après l’assassinat d’un policier sur l’avenue des Champs-Elysées, à Paris, Jean-Paul Ney avait publié sur son compte Twitter le nom et la photo d’un délinquant belge, qu’il prétendait suspecté de l’attaque : « Attentat sur les Champs, urgent la police recherche #YoussoufElOsri est arrivé depuis la Belgique avec le Thalys. » Cet avis de recherche était accompagné d’un message des autorités belges alertant leurs homologues français que cet individu « très dangereux » serait en route vers la France.
Ce ressortissant belge, impliqué dans des affaires de stupéfiants, n’était pas le tueur des Champs-Elysées et n’a jamais été inquiété dans l’enquête : il était en Belgique le soir des faits, et se rendra spontanément au commissariat d’Anvers le lendemain pour clamer son innocence. La fiche de police du véritable tueur sera publiée quelques heures plus tard sur un autre compte Twitter, sous le pseudonyme d’« Aldo Sterone », un sympathisant du Front national d’origine algérienne, installé au Royaume-Uni. L’enquête ouverte mardi est également susceptible de viser cette fuite.