Les images sont sans équivoque. Elles ont été filmées par les émeutiers puis diffusées sur les réseaux sociaux, le soir de la Saint-Sylvestre 2017, à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). On y voit une femme policier à terre, cheveux roux et queue-de-cheval, rouée de coups de pied par une horde déchaînée. À chaque assaut, recroquevillée et se protégeant le visage, alors que les plus lâches de la meute visent son visage, elle hurle de peur. Son corps va et vient sous les salves comme un sac de sable. Cette fonctionnaire, dont c'était la première affectation, a été transportée à l'hôpital de Saint-Camille à Bry-sur-Marne. Elle s'en est sortie par miracle et porte la trace de multiples hématomes. Elle souffre de commotions au visage et s'est vu prescrire sept jours d'incapacité totale de travail.
Et elle n'était pas seule. Cette jeune femme était le chauffeur du capitaine de police de permanence, chef du service de sécurité publique de Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), circonscription voisine de Champigny. Tous deux se rendaient à Champigny, alors qu'un attroupement venait de s'y former. En arrivant par la rue Benoît-Frachon, ils tombent sur quelque 300 individus furieux d'avoir été refoulés d'une soirée privée où ils n'étaient pas conviés. L'enceinte «n'était pas dimensionnée pour (les) accueillir», a expliqué le directeur territorial de la sécurité publique du val-de-Marne, Jean-Yves Oses. Ce dernier raconte que sous la pression de la foule, «la porte de la salle est tombée et les personnes sont entrées à l'intérieur en nombre important», avant d'être évacuées par la police.
«Guêpier»
L'équipage de policier était-il suffisamment renseigné sur le climat de tension régnant dans le quartier? En sortant de leur véhicule, dans un secteur en travaux, les deux fonctionnaires sont aussitôt agressés par-derrière. Le capitaine tente de se dégager avec sa collègue en utilisant du gaz lacrymogène. Selon certains témoignages, face à la violence des assaillants, il est même contraint de sortir son arme de service. À la fin de l'émeute, il a été transporté à l'hôpital Bégin, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), avec un nez cassé, de multiples hématomes et peut-être même une lésion à l'œil. Il s'est vu prescrire dix jours d'ITT. Avec sa collègue, il a porté plainte. Deux personnes ont été placées en garde à vue après l'intervention de policiers venus en renfort.
«Je ne comprends pas qu'ils aient pu se trouver seuls dans un tel guêpier. C'est de la folie pure et simple!» s'étonne Patrice Ribeiro, le patron du syndicat de policiers Synergie-officiers. Le syndicaliste déclare: «Cela témoigne de l'explosion exponentielle des violences perpétrées contre les policiers, avec une volonté homicide décomplexée. Cette scène de lynchage est digne des pays où les mœurs les plus barbares ont cours. Sans réponses judiciaires fermes, nous courrons à des drames.» Même colère à l'Unsa-police, où le secrétaire général, Philippe Capon, dénonce des«faits intolérables. Cela montre que certains quartiers sont loin d'être pacifiés». Le syndicat Alliance a une nouvelle fois demandé le «retour des peines planchers», abrogées en 2014, pour les agresseurs de policiers.
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