Je ne serais pas arrivée là si… Pour « Le Monde », la ministre des sports évoque la richesse de sa double identité, française et roumaine.
La ministre des sports, Roxana Maracineanu, à Paris, le 11 septembre. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFPChampionne du monde de natation en 1998, Roxana Maracineanu a été nommée, le 4 septembre, ministre des sports, en remplacement de Laura Flessel, démissionnaire.
Je ne serais pas arrivée là si…
Si je n’avais pas poussé un cri d’alarme en début d’été devant le nombre inadmissible de noyades d’enfants et attiré ainsi l’attention du premier ministre Edouard Philippe. Notamment sur une idée simple : les enfants doivent apprendre à nager le plus tôt possible. Dès 3 ans. Et les parents doivent s’impliquer. C’est la seule façon d’empêcher ces noyades insupportables. Je ne le dis pas en me prévalant de mon titre d’ex-championne de natation. Je le dis parce que cela fait dix ans que je me suis lancée corps et âme dans l’aventure du primo-apprentissage. Dix ans que je travaille en piscine, auprès des tout-petits. Ce n’était pas du tout ce que j’avais imaginé comme reconversion, moi qui ai fait une école de commerce, mais ce n’était pas illogique, après une carrière de nageuse.
On pourrait remonter à beaucoup plus loin ! Vous ne seriez pas devenue ministre d’un gouvernement français si vos parents n’avaient pas quitté la Roumanie, et demandé en 1984 l’asile politique en France…
C’est vrai. Et mon histoire de petite immigrée – j’avais 9 ans – explique sans doute beaucoup des convictions qui m’animent et une philosophie de vie. Je crois en la volonté, en l’énergie personnelle et en la force intérieure pour redresser les situations, quelles qu’elles soient, et en tirer le meilleur parti.
Je viens d’un pays où l’on disposait de très peu de chose, mais où, plutôt que de larmoyer, on adaptait ses priorités et on parvenait à être heureux, aussi heureux qu’ici, voire plus.
En débarquant en France, mes parents, mon frère et moi, n’avions quasiment rien : ni moyens, ni relations, ni même connaissance de la langue. On a dormi dans notre vieille R16 et on a fait la queue pour manger. Mais, là aussi, on avait une farouche volonté de nous adapter à la situation, créer des liens, déjouer les contraintes, pour exister et rendre la vie meilleure. Cela a guidé ma vie. On part de ce qu’on a, on considère que c’est une chance, et on s’investit au maximum pour mettre les choses en mouvement.
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