C'est la rentrée des classes, son cortège de chiffres impressionnnants (+ de 12 millions d'élèves, 880 000 enseignants), ses traditionnelles nouveautés et ses non moins traditionnels grincements (ainsi des écoles seront-elles en grève dès aujourd'hui). En ligne de mire de la presse écrite, l'action du ministre de l'Éducation nationale, qui est très diversement appréciée. Les éditorialistes se divisent pour apprécier l'ampleur des changements lancés par Jean-Michel Blanquer : ajustements ou grand chambardement ? Certains louent sa prudence ou son retour au "bon sens". D'autres déplorent sa timidité. D'autres enfin dénoncent sa volonté de revenir en arrière. Revue de presse.
Dans L'Est républicain, Benoît Gaudibert rappelle les principales nouveautés qui agitent les préaux et les salles des maîtres en ce début septembre. Mais estime que le ministre est resté prudent : "Fébriles, l'estomac noué parfois, 12 millions d'élèves reprennent le chemin de leur établissement. Les uns auront cours pendant quatre jours, d'autres une demi-journée de plus. La réforme des rythmes scolaires est l'une des mesures clés de la première rentrée du président Macron, avec la limitation à douze élèves par classe dans les CP des quartiers les plus défavorisés (...) Pris par le temps, soucieux de ne pas multiplier les fronts, le gouvernement avance à pas de loup avec le milieu éducatif, a pris garde de ne pas renverser la table dès sa première rentrée."
Dans L'Alsace, Laurent Bodin est plus sévère sur les conséquences des premières mesures, même si lui aussi estime qu'elles ne sont qu'un hors-d'oeuvre. "La liberté laissée aux maires d'organiser le temps scolaire a ravi les élus locaux mais contribué à affaiblir l'unicité de l'école. Le dédoublement des classes de CP dans les réseaux d'éducation prioritaire a été pensé sur le seul plan pédagogique, pas du tout logistique. La suppression des emplois aidés aura des conséquences graves (...). L'urgence gouvernementale, cependant, est d'abord d'éviter tout couac en ce jour de rentrée. Les vraies réformes interviendront plus tard."
"Conservateur-progressiste"
Dans La Charente libre, Jean-Louis Hervois juge plus favorablement l'action du ministre, qu'il trouve plutôt consensuel et habile. "Il flotte comme un parfum de neuf sur cette rentrée (...) Le coup d'éponge du nouveau ministre semble avoir effacé tous les sujets inscrits de longue date au tableau noir et qui ont nourri tant de polémiques. Enterrer la semaine de 4 jours et demi n'a pas demandé plus d'efforts que de rogner les angles de la réforme du collège. Un tiers des écoles a déjà choisi le retour aux 4 jours (...) Pour Jean-Michel Blanquer, il s'agit d'avancer dans la réforme sans hérisser le poil de leurs interlocuteurs."
Pari réussi, selon lui, ce qui l'amène à faire du nouveau ministre l'incarnation du "et de droite et de gauche" prôné par Emmanuel Macron : "Bien noté à droite, Blanquer veut apparaître comme un conservateur-progressiste", souligne-t-il. Bien bel oxymore, en vérité... Mais qui semble lui réussir puisque sur fond de baisse de popularité de l'exécutif, Jean-Michel Blanquer apparaît comme le meilleur élève du gouvernement, selon un sondage YouGov France pour le HuffPost et CNEWS.
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