L'alimentation méditerranéenne confère de nombreuses vertus à ceux qui l'adoptent. Une partie de ces bénéfices pourraient être dus à son action sur le microbiote intestinal, notamment sur les personnes âgées.
Le régime méditerranéen est l'un des régimes, si ce n'est le régime alimentaire, le plus étudié dans la littérature scientifique. De multiples bienfaits lui sont associés tels que la réduction des évènements cardiovasculaires ou encore des maladies neurodégénératives. C'est un fait assez admis et peu contesté : le régime méditerranéen est globalement « bon » pour la santé.
En cause, une diversité alimentaire importante, des aliments frais, peu transformés remplis de composés qualifiés parfois de « protecteurs » tels que les polyphénols ou les antioxydants et bien sûr, la richesse en graisses, notamment en acide gras oléique présent dans l'inimitable huile d'olive. Comme souvent, nous avons du mal à appréhender toutes les causes efficientes dans l'effet santé d'une alimentation. En effet, toutes les interactions, qui se produisent entre nos aliments complexes, la génétique de l'individu, sa flore intestinale, etc., sont de vrais casse-têtes pour la méthode scientifique, friande de réductionnisme dans l'élaboration de ses protocoles à des fins d'exclusions de biais. Une récente étude publiée dans la revue Gut nous en dit un peu plus sur les liens entre diète méditerranéenne et microbiote.
L'action sur le microbiote : une piste sérieuse
Une récente étude randomisée, contrôlée, multi-centrée en simple aveugle chez 612 personnes âgées, a été conduite simultanément dans cinq pays européens (France, Grand-Bretagne, Italie, Pologne et Pays-Bas) pendant un an. Elle met en relief la baisse de la « fragilité » (le syndrome de fragilité est un ensemble de symptômes à risques caractérisant un état de santé délétère chez la personne âgée), l'amélioration des capacités cognitives et la diminution de l'inflammation. Ces trois effets bénéfiques du régime méditerranéen pourraient s'expliquer, en partie, grâce à des modifications induites au sein du microbiote intestinal.
Parmi les individus du groupe d'intervention (ceux qui suivaient une diète méditerranéenne), plusieurs marqueurs ont drastiquement évolué parallèlement à leur population microbienne à l'inverse du groupe contrôle. Ce qui est encore plus surprenant, c'est que ces associations étaient plus ou moins indépendantes des facteurs propres à l'hôte tels que son âge ou son statut pondéral. Parmi ces effets bénéfiques, la baisse de la « fragilité » semble causée par des effets périphériques de la modification microbienne tandis que, pour les autres avantages, la modification microbienne induite occuperait une place prépondérante.
L'alimentation en général, avec son superbe potentiel préventif, devrait être plus présent dans les parcours de soins usuels. © Microgen, Adobe Stock