Réforme de l’Etat : histoire d’un dossier miné

Politique

Si le gouvernement a renoncé à supprimer 50 000 postes de fonctionnaires, il assure poursuivre la modernisation de l’Etat.

En renonçant à supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat, comme l’a annoncé Gérald Darmanin en juillet, le gouvernement signe-t-il l’échec de la réforme de l’Etat ? « Ce sera sans doute autour de 15 000 suppressions sur le quinquennat, dont moins de 2 000 l’année prochaine, pour l’essentiel à Bercy », a précisé le ministre de l’action et des comptes publics dans une interview accordée à la presse régionale, le 24 juillet. L’objectif de réduire le nombre de postes dans la fonction publique territoriale est lui maintenu à 70 000.

Or, le ministre de l’action et des comptes publics n’a cessé de le répéter : les suppressions d’emplois seraient le fruit de la transformation en profondeur du fonctionnement de l’Etat. « Nous n’allons avoir moins d’agents publics qu’après avoir fait des réformes. C’est la conséquence », avait-il expliqué en février.

De là à penser qu’en renonçant à son objectif de suppressions de postes de fonctionnaire, le gouvernement manifeste qu’il ne croit plus à la réforme de l’Etat, il n’y a qu’un pas. Que Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains et ancien membre du comité action publique (CAP 22) – installée au début du quinquennat, cette commission était chargée de proposer des pistes de réforme – franchit sans barguigner. « J’ai pris cet exemple de la baisse des fonctionnaires lors de ma dernière question au gouvernement, indique Mme Lavarde. La réponse n’a absolument pas été à la hauteur et n’a pas évoqué la baisse des fonctionnaires. C’est un aveu de l’échec des réformes structurelles. J’ai consulté toutes les fiches des 48 actions prioritaires du gouvernement. Il n’y a jamais d’impact en termes de dépenses publiques ou d’effectifs de fonctionnaires. A part dans le réseau de la DGFIP [direction générale des finances publiques], je ne vois rien qui évolue significativement. »

« Aucun progrès »

L’Union européenne semble partager le même scepticisme. Une recommandation du Conseil européen, datée du 5 juin, tance la France : « Il n’apparaît pas clairement comment, et dans quels délais, ce programme de réforme contribuera par des mesures concrètes (…) à l’objectif très spécifique de réduction du ratio des dépenses au PIB d’ici à 2022. » Dans un document de travail, en février, la Commission européenne se montrait encore plus sévère. Après un sec : « Aucun progrès », le professeur européen reprochait à l’élève français de n’avoir prévu dans son budget « aucune économie de dépenses significative ni aucun gain d’efficience notable découlant du programme Action Publique 2022 ».


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