Le nombre d'exécutions à mort a baissé dans le monde en 2016. Telle est la conclusion du rapport annuel d'Amnesty International sur le sujet. Il y a eu moins d'exécutions, mais aussi moins de condamnations. Et pour la première fois depuis 2006, les Etats-Unis ne figurent pas dans les cinq premiers pays qui exécutent le plus de condamnés. Derrière la Chine, on retrouve l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak et le Pakistan.
Pour Anne Denis, responsable de la commission « Abolition de la peine de mort » au sein de l'ONG Amnesty international, cette baisse s'explique par un changement de comportement des juges, mais aussi par des raisons pratiques : « Moins d’exécutions pourquoi ? Parce qu’il y a pas mal de recours de la part des condamnés sur les méthodes d’injection létale. Donc, effectivement, il y a des sursis à exécution, il y a des exécutions qui ont été reportées. »
« Il y a aussi pas mal de difficultés pour les Etats à obtenir les drogues létales. Les laboratoires européens ont refusé de fournir des drogues létales aux Etats pour exécuter et les laboratoires situés aux Etats-Unis ont emboîté le pas. L’année dernière, il y a eu Pfizer qui a déclaré ne plus vouloir fournir les Etats en drogue létale. Donc, difficulté de s’approvisionner en drogue létale et recours, ce sont deux des causes de la baisse », décrypte Anne Denis.
Le cas particulier de la Chine, numéro 1 du classement
Aujourd'hui, Pékin tente de masquer les chiffres exacts au sujet de la peine capitale, en envoyant de faux signaux de transparence. En Chine, « il y a une très, très grande différence entre les cas qui sont mis en ligne et la réalité - parcellaire elle aussi - relevée par les médias, commente la représentante de l'ONG. Le nombre d’exécutions qui a été relevé par les médias était supérieur à 900 et on a retrouvé sur la base de données seulement 85 de ces 931 cas relevés dans les médias. »
Amnesty International considère avoir la preuve de cette volonté des autorités de ne pas dévoiler toutes les exécutions et toutes les condamnations à mort. « On en a la preuve, parce qu’on n’a pas retrouvé trace d’exécution de ressortissants étrangers condamnés à mort pour infraction liée à la législation sur les stupéfiants. De même, on n’a pas retrouvé mention d’exécution pour fait de terrorisme. »
Enfin, autre découverte d'Amnesty International : le Vietnam, qui pratique aussi le secret d'Etat, aurait exécuté plus de 400 condamnés entre août 2013 et juin 2016. C'est ce qu'ont révélé certains médias vietnamiens en février 2017. Si ces informations étaient confirmées, cela placerait le Vietnam à la troisième place des Etats qui exécutent le plus grand nombre de condamnés à mort établi par l'ONG.
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