A moins d’un mois de la présidentielle, et alors que la surpopulation atteint des sommets dans les prisons, le directeur de l’administration pénitentiaire a démissionné de ce poste sensible, en raison d’un «désaccord» avec le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas.
Précédemment préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, que l’AFP n’a pu contacter dimanche, n’avait été nommé qu’en septembre 2016. Son départ intervient alors que le garde des Sceaux doit se voir remettre mardi le Livre blanc sur les prisons, rédigé par la commission présidée par l’ex-sénateur de droite Jean-René Lecerf. «De sa propre initiative, vendredi 31 mars», M. Galli «a présenté sa démission au garde des Sceaux, qui l’a acceptée», a annoncé M. Urvoas. L’intérim sera assuré par Stéphane Bredin, actuel directeur adjoint.
Le communiqué du ministre ne contient aucune indication sur les motifs de cette démission, mais des sources au sein de l’administration pénitentiaire (AP) ont expliqué que M. Galli, un énarque de 60 ans, était parti sur un «désaccord» avec le ministre. «Il n’avait la main sur rien, il n’y avait pas de capitaine», a affirmé à l’AFP un acteur du monde pénitentiaire, jugeant que «les décisions ne se prenaient pas là» mais au niveau du ministère.
A quelques semaines seulement de la présidentielle, le ministre de la Justice a tenu à rappeler sa feuille de route en matière de prisons. M. Bredin, qui assumera l’intérim, «dispose de toutes les qualités et de la confiance du ministre de la Justice pour conduire à bien les dossiers prioritaires qui ne peuvent souffrir de délais supplémentaires et doivent aboutir d’ici la fin du quinquennat (reprise du dialogue social, déploiement du plan encellulement individuel, sécurité pénitentiaire, extractions judiciaires, réformes statutaires)», a souligné M. Urvoas.
A la dérive
Dans un communiqué, le syndicat pénitentiaire Snepap-FSU s’est cependant alarmé d'«une administration pénitentiaire à la dérive». En référence à d’autres départs récents de responsables, il a «fait part de sa profonde inquiétude» face à «une administration centrale pénitentiaire marquée, depuis plusieurs mois, par une grande instabilité». «Une administration régalienne» comme celle-là «ne peut être laissée à l’abandon, même dans une période d’élections générales», a tonné le syndicat.
M. Galli tire sa révérence alors que le défi de la surpopulation carcérale n’a jamais été aussi sérieux. Avec 69 430 personnes incarcérées, le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint un nouveau record au 1er mars, en pleine campagne présidentielle où la question pénitentiaire est largement abordée par le biais de la construction de nouveaux établissements, jugée pourtant insuffisante voire contre-productive par certains. Le précédent record remontait au 1er juillet 2016, quand 69 375 détenus avaient été comptabilisés.
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