Prévoir le temps qu'il fera dans deux ou trois mois, cela semble relever de la magie ou de la prédiction aléatoire. Mais non, il s'agit d'un travail de recherche scientifique très poussé. Pour élaborer les prévisions de l'été à venir que Météo France vient de publier, 20 chercheurs météorologues ont été mobilisés. Ceux-ci travaillent à élaborer des modèles de climat, et consacrent trois ou quatre années à leur conception. Ce sont des programmes informatiques qui simulent les évolutions des différentes composantes du climat.
Impossible sans supers ordinateurs
«On reproduit, sous forme de cartes, les données présentes dans l'atmosphère, dans les océans, sur la surface continentale ou encore dans la biosphère... A ces données sur le vent, la température ou le CO², on applique des lois d'évolution pour calculer leur état futur, à partir duquel on pourra prévoir le temps», explique Jean-Michel Soubeyroux, directeur adjoint de la climatologie pour Météo France.
A l'origine, cette masse très importante de données provient des satellites météorologiques de Météosat, qui livrent les images servant à élaborer les cartes météo, ainsi qu'une mine d'informations précieuses aux climatologues depuis 1977. Pour faire «tourner les modèles numériques», des ordinateurs extrêmement puissants réalisent des calculs énormes.
Le supercalculateur Prolix, dont s'est équipé le centre technique et prévisionnel de Météo France à Toulouse (Haute-Garonne) il y a trois ans, peut calculer un million de milliards d'opérations par seconde. Soit une puissance de calcul multipliée par 500 000 depuis la mise en service du premier supercalculateur en 1992 ! la fiabilité est donc bien meilleure. Ce superordinateur a été conçu par Bull.
Anticiper le niveau de la Seine ou l'irrigation agricole
Cet outil a toutefois des limites, et les chercheurs dépendent complètement de la puissance de calcul des machines, aussi importante soit-elle. «On cherche à obtenir des modèles climatiques toujours plus précis. Et on ne peut pas les avoir si la puissance de calcul ne suit pas», commente le directeur des services climatologiques. Cela fait l'objet d'investissements mondiaux, à travers le programme Copernicus en Europe.
Et tous ces calculs, à quoi servent-ils ? «A développer des applications qui vont faciliter la prise de décisions lourde dans tous les domaines où la planification saisonnière se pose», explique Jean-Michel Soubeyroux. La prévision aide par exemple à savoir à quel moment on ouvre les vannes, pour anticiper le niveau de la Seine, Ou à définir un programme d'irrigation en agriculture. Nos loisirs en dépendent aussi.
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