À peine arrivé au gouvernement, le nouveau ministre de l'Agriculture Stéphane Travert est à l'origine d'un couac gouvernemental. En cause: la législation autour des néonicotinoïdes, ces pesticides mis en cause par les défenseurs de l'environnement, responsables de la mort massive des abeilles. RMC s'est procuré lundi un document de travail interministériel qui évoque un assouplissement de la législation autour de l'utilisation des pesticides. L'épandage aérien serait de nouveau autorisé. Quant aux néonicotinoïdes, ils pourraient refaire leur réapparition alors que les députés ont voté l'été dernier leur interdiction.
La législation française, l'une des plus restrictives du continent, «n'est pas conforme avec le droit européen», s'est justifié lundi Stéphane Travert sur RMC/BFM TV. Le ministre a aussi relevé que certains pesticides «n'ont pas de produit de substitution», parlant «d'impasses techniques». «Nous devons pouvoir autoriser des dérogations (...) afin que nos producteurs puissent travailler dans de bonnes conditions», a-t-il dit. «Je suis un homme de compromis. Je veux travailler sur ce projet avec Nicolas Hulot, pour que nous soyons en phase», s'est-il prudemment avancé, affirmant par exemple que l'épandage aérien ne serait autorisé qu'en cas de «crise sanitaire grave».
L'opposition dénonce le retour des néonicotinoïdes
La réponse de Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique, a été beaucoup plus sèche. «Les interdictions de néonicotinoïdes et l'épandage aérien ne seront pas levées. Les arbitrages ont été rendus en ce sens», a-t-il catégoriquement annoncé sur Twitter.
L'opposition n'a pas tardé à s'emparer du sujet. «Je suis stupéfait d'apprendre ce matin que le gouvernement pourrait revenir sur l'interdiction des pesticides tueurs d'abeilles», a tweeté l'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle Benoît Hamon. «Non à la réintroduction des néonicotinoïdes tueurs d'abeilles: notre santé vaut plus que leur soumission aux lobbies qui gouvernent l'UE», s'est insurgé l'eurodéputé FN Florian Philippot. Décision «inadmissible», s'est alarmé le conseiller régional d'Île-de-France Julien Bayou (EELV). «Ces pesticides menacent les abeilles, notre alimentation et notre santé!», a-t-il ajouté.