De l'eau, du jus de pomme, du thé sucré: depuis onze jours, Fatouma, Aïcha et les autres, n'ont rien mangé. Après des années de lutte silencieuse - et vaine -, ces neuf Djiboutiennes mènent une grève de la faim en France pour dénoncer des viols dans leur pays.
"Ce n'est pas par plaisir que je m'affame", explique Fatou Ambassa. Cette Djiboutienne de 30 ans jeûne en mémoire de sa cousine, Halima. "Ils étaient plusieurs soldats. Ils l'ont violée devant ses parents. C'était en 2003, elle avait 16 ans". Hémorragie, dépression. "Elle s'est laissé mourir", dit Fatou.
Le 25 mars, avec neuf membres du "Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l'impunité", elle a cessé de manger. Vendredi, l'une d'elle, trop affaiblie, a été contrainte par les médecins de se réalimenter.
Ses compagnes restent couchées, serrées sur des lits de camp dans le local exigu de l'association Femmes solidaires qui les accueille à Arcueil, au sud de Paris. Sous leurs voiles multicolores, traditionnels sur les bords de l'océan Indien, leurs visages trahissent la fatigue mais restent déterminés.
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