Petit candidat portant les couleurs du NPA, Philippe Poutou avait su tirer son épingle du jeu lors des précédentes émissions télévisées en affichant un certain franc-parler. Un avantage qui s'est volatilisé aussi vite qu'il ne s'était constitué jeudi soir, à l'occasion de la dernière émission de France 2 avec les 11 candidats. Quelques jours plus tôt, l'ouvrier automobile avait frappé les esprits avec sa proposition de désarmer les policiers. Mais cette ligne de programme qu'il a de nouveau défendue face à Léa Salamé et David Pujadas s'est retournée contre son auteur, alors qu'un attentat terroriste a de nouveau endeuillé la capitale dans la nuit de jeudi, et provoqué la mort d'un policier.
«La police au contact de la population n'a pas besoin d'être armée!», a persisté le candidat trotskiste. Philippe Poutou, qui n'ignorait alors rien des événements, a poursuivi: «On veut désarmer les policiers car ils agressent dans les manifs, les jeunes et les quartiers populaires. (…) On a vu ce qu'il s'est passé lors des manifestations de la loi Travail, il y a des agressions de la police». Et le successeur d'Olivier Besancenot de souligner que «10 à 15 jeunes sont tués sous les coups de la police chaque année».
Une sortie qui n'a pas manqué de soulever une bronca sur les réseaux sociaux, auparavant artisans de la gloire éphémère du candidat. Pris pour cible, Philippe Poutou a tenté de rectifier le tir en conclusion de l'émission, en dénonçant la politique interventionniste de la France à l'étranger, principale cause du terrorisme à ses yeux.
Mais les ennuis du candidat NPA se sont poursuivis au sortir des locaux de France Télévision. Selon l'équipe du candidat, «des policiers en uniforme» l'ont pris à partie. «On a besoin de nos armes, enculé, ordure!», auraient lancé les fonctionnaires de police à la vue du candidat, selon son équipe. Invité sur France 2 ce vendredi matin, Philippe Poutou a admis se trouver dans une passe difficile: «On est sous l'émotion, et c'est là où c'est difficile de discuter politique».
Il a néanmoins maintenu sa proposition de désarmer la police de proximité. «C'est vrai que c'est très controversé, et dans ces situations-là ça devient très difficile d'en discuter. Mais nous, on parle de la répression dans les manifestations du mouvement social», a-t-il insisté. Soulignant que son propos concerne «une police de proximité qui quadrille les quartiers populaires», Philippe Poutou a concédé que la police antiterroriste, elle, pouvait être armée. «Il ne faut pas tout confondre il y a eu un attentat hier, mais nous sur la question du terrorisme, on voudrait aussi que l'on discute des interventions militaires Françaises catastrophiques», a-t-il martelé.