Les scientifiques l'avaient annoncé : un jour, l'influence du changement climatique engendré par l'Homme deviendrait suffisamment forte pour pousser les phénomènes extrêmes au-delà de leurs limites naturelles. Et, à en croire un très récent rapport, ce jour est arrivé.
Un record mondial de chaleur, une canicule sans précédent en Asie, des eaux inhabituellement chaudes au large de l'Alaska : tous ces phénomènes climatiques extrêmes ont été enregistrés en 2016. Et, selon une étude publiée mercredi, ils ont tous pour unique responsable le réchauffement climatique causé par l'activité humaine.
C'est la première fois que des scientifiques pointent du doigt des phénomènes extrêmes qui n'auraient pas pu se produire sans ce changement climatique. Jusqu'à présent, ils estimaient bien que celui-ci accentuait le risque de voir surgir des inondations, des sécheresses, des tempêtes et d'autres phénomènes climatiques extrêmes, mais ils ne l'avaient encore jamais désigné comme étant la seule cause.
« Cette étude marque un tournant fondamental », explique Jeff Rosenfeld, rédacteur en chef du Bulletin of the American Meteorological Society qui a publié ces travaux élaborés par 116 scientifiques venus de 18 pays.
En 2016, la planète a pulvérisé un nouveau record de chaleur, s'inscrivant comme l'année la plus chaude des temps modernes. Ces températures enregistrées à la surface de la Terre ont «?uniquement été rendues possibles par un important réchauffement anthropique à l'échelle d'un siècle?», soulignent ces travaux. Cela confirme les prédictions des experts qui estimaient que les évènements liés à la chaleur seraient les premiers à apparaître comme uniquement causés par le réchauffement climatique.
Des évènements liés à la chaleur
En 2016, l'Asie a notamment subi une canicule extrême. Entre mars et mai, les températures suffocantes qui ont régné sur le continent ont ainsi causé la mort de 580 personnes en Inde. Et, si le puissant phénomène météorologique El Niño était bien actif en 2015 et au début de 2016, les chercheurs affirment qu'il n'en est pas responsable. «?On s'attendait effectivement à ce que El Niño réchauffe l'Asie du Sud-Est en 2016, mais la chaleur dans la région était exceptionnellement étendue?», souligne le rapport.
Dans le golfe d'Alaska, le détroit de Béring ainsi qu'au large des côtes du nord de l'Australie, les températures des eaux ont atteint leur plus haut en 35 ans. Ce réchauffement a provoqué «?un blanchissement massif de la Grande Barrière de corail et l'une des proliférations toxiques d'algues la plus vaste jamais détectée près de la côte de l'Alaska?», soulignent les scientifiques. «?Il est extrêmement improbable que les seules variables naturelles aient mené aux anomalies observées?», analysent-ils.
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