L’invalidation de la candidature de deux commissaires européens désignés par Ursula von der Leyen ravive des tensions entre les différents groupes politiques du Parlement.
Avant même que les auditions par le Parlement européen des commissaires dont souhaite s’entourer Ursula von der Leyen aient commencé, la future présidente de la Commission a déjà dû renoncer à deux d’entre eux. La commission des affaires juridiques (JURI) de l’Assemblée législative, chargée de se prononcer sur les éventuels conflits d’intérêt des différents candidats, a invalidé, lundi 30 septembre, les nominations du Hongrois Laszlo Trocsanyi et de la Roumaine Rovana Plumb, respectivement pressentis pour les portefeuilles de l’élargissement et des transports.
L’ancien ministre (PPE, groupe conservateur) de la justice de Viktor Orban, dont les liens avec son ex-cabinet d’avocats ont été jugés trop flous, a été mis hors jeu par 12 voix contre 9. Le vote des eurodéputés contre l’ex-ministre roumaine (S&D, groupe social-démocrate), dont deux prêts posaient question, a été encore plus franc (13 contre 7).
Si M. Trocsanyi a dénoncé « une collection de mensonges » et menacé d’aller en justice, le premier ministre Viktor Orban n’a pas joué la surenchère, contrairement à ce que redoutaient certains à Bruxelles. Non seulement il n’a pas tardé à faire une proposition alternative à Mme von der Leyen, mais, en plus, il lui a soumis un nom – Oliver Varhelyi, l’actuel représentant permanent hongrois à Bruxelles – qui ne fait a priori pas polémique. « Son CV fait bonne impression », a commenté le porte-parole de la présidente de la Commission.
Avec Bucarest, « nous sommes encore en discussion », a-t-il ajouté. La première ministre roumaine, Viorica Dancila, a regretté « une campagne de dénigrement » contre Mme Plumb mais assuré qu’elle ferait une autre proposition. Elle a, au passage, dénoncé le « rôle joué par Dacian Ciolos », l’ancien premier ministre roumain aujourd’hui à la tête du groupe libéral Renew.
« Deux poids, deux mesures »
L’affaire, en tout cas, n’ira pas sans laisser de traces. Elle a ravivé des tensions entre les différents groupes politiques du Parlement, dont Mme von der Leyen pourrait faire les frais. Et particulièrement énervé son propre camp, les conservateurs du PPE, qui n’ont pas encore digéré que la tête de l’exécutif européen ait échappé, en juillet, à Manfred Weber, le président de leur groupe à Strasbourg.
« La commission JURI a empêché le Hongrois d’être commissaire sans preuve. Pour des raisons exclusivement politiques », juge une source au PPE. « Le conflit d’intérêt était bien plus avéré pour Mme Plumb », reconnaît un eurodéputé membre de la commission des affaires juridiques, peu suspect de sympathie envers le PPE et les Hongrois. Mais les sociaux-démocrates refusaient d’être les seules victimes de ce processus.
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